Au pied du bois de Cise, à Ault (Baie de Somme), se trouvent des falaises qui surplombent une mer opale, offrant un paysage que l’on croirait fait pour la peinture romantique ou l’énoncé d’alexandrins le cheveu au vent. Tel Robert Conway à la recherche de Shangri-La (« Horizons Perdus » Frank Capra – 1937), arpenter les lieux s’impose au promeneur. Il y avait bien le jour dit un panneau interdisant de cheminer le long desdites falaises, mais la tentation d’une relative désobéissance était (…)
Cinéma
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Cinéma mental
10 mai 2016, par Sébastien Bourdon -
Joann Sfar (et moi)
29 avril 2016, par Sébastien BourdonEût un temps, légèrement reculé, où je lisais tous les livres de Joann Sfar, de « Grand Vampire » à « Donjon », en passant par le « Chat du Rabbin » ou « Klezmer ». Sa production était pléthorique, je tentais de ne rien manquer, et ce n’était pas aisé. Mais surtout, je dévorais son journal dessiné (les « Carnets »), trouvant un plaisir particulier à feuilleter cette intimité croquée au fuseau et au crayon. Abordant tout ce qui une fait une vie de tous les jours, Sfar étalait en des dizaines (…)
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Chacun Cherche son Chat
8 avril 2016, par Sébastien Bourdon« Alien » de Ridley Scott (1979)
Après la science fiction contemporaine, un peu brutale mais rêveuse de Jeff Nichols (http://www.soundsmag.org/The-Child-is-the-Father-of-The-Man), remontons un peu le temps et les sources de l’angoisse pour s’asseoir confortablement à côté du « huitième passager ». Et puisqu’il faut former la jeunesse dans un monde chaotique, c’est donc accompagné du plus âgé de mes enfants que l’on s’est offert le luxe (à peu de frais) de cette séance sur un vrai grand (…) -
"Midnight Special" de Jeff Nichols
29 mars 2016, par Sébastien BourdonThe Child is the Father of The Man
Jeff Nichols s’interrogeait l’autre jour dans Le Monde en ces termes : « si un père ne contrôle rien, quel est son rôle ? ». Cette question, pour le moins essentielle, il se l’est posée à l’hôpital, au chevet de son fils malade, et de cette dernière, il a fait un film. C’est l’avantage des gens talentueux sur les autres, ils ont un moyen de sublimer l’existence, ses petits tracas, comme ses gouffres béants.
Dans une autre interview, le même, à propos (…) -
« Règlement de Comptes » (« The Big Heat ») de Fritz Lang (1953)
16 mars 2016, par Sébastien BourdonDes Femmes qui Tombent
Le film s’ouvre par un suicide à la suite duquel s’enchaînent immédiatement de multiples évènements, presque tous aussi déconcertants les uns que les autres. La veuve n’est pas écrasée par la douleur, loin s’en faut, le suicidé était un policier véreux, l’ordure mafieuse copine avec l’élite locale, bref, il y a quelque chose de pourri au royaume d’Amérique. Lang expose tout cela à une vitesse record et avec une fluidité extraordinaire, tant et si bien que nous (…) -
Usine à Rêves
24 février 2016, par Sébastien Bourdon« Ave César » de Joel et Ethan Coen
Au bout d’un moment, des jeunes ont sorti leurs téléphones portables et se sont livrés à divers jeux de football virtuel, y trouvant sans doute plus d’intérêt qu’à la projection du film. Un tel comportement a fini par agacer des spectateurs placés derrière eux car, même petit, un écran qui fait face à un écran, cela perturbe forcément la vision.
Les frères Coen ont décidé d’évoquer avec ce nouvel opus une époque bénie du cinéma américain, celui qui se (…) -
Une Vie Moins Ordinaire
12 janvier 2016, par Sébastien Bourdon"Star Wars 7 - Le Réveil de la Force" de J.J. Abrams
Avant toute chose, et pour être précis au regard des multiples choix possibles de visionnage, l’auteur de ces lignes tient à indiquer qu’il a vu le film en 2D (en normal quoi) et en VO (ce qui relève de l’évidence, j’en conviens). A la sortie de la salle, ce choix a semblé définitivement le plus raisonnable, pour peu qu’on soit légèrement enclin à la migraine. Ajoutons qu’à ces décisions pertinentes, s’installer dans mon cinéma de (…) -
« Les Innocents » de Jack Clayton (1961)
2 décembre 2015, par Sébastien BourdonCris et Chuchotements
Une comptine enfantine, déjà obsédante à nos oreilles, ouvre le film. De l’obscurité, surgissent ensuite, comme enchaînées, des mains jointes dans une prière, un sanglot plutôt. Un peu plus d’une heure et demie plus tard, par la magie diabolique d’un cinéma parfaitement maîtrisé, si l’héroïne n’aura jamais semblé douter un seul instant des évènements, le spectateur ne saura être définitif sur ce qu’il lui a été conté. Toutes les lectures semblent permises, du film de (…) -
L’ombre d’un doute
9 novembre 2015, par Sébastien BourdonCela fait si longtemps que l’on est fidèle à Woody Allen que lorsque le film commence, on est immédiatement gagné par une sensation de familiarité qui va jusqu’à la police de caractères utilisée pour le générique. Et évidemment encore, l’ouverture de l’opus se fait avec, en fond sonore, un inévitable jazz qui craque (quoique, pour une fois, le morceau soigneusement choisi par le cinéaste dans sa discothèque est plus binaire que ternaire, avec un swing qui décoiffe – « The In Crowd » Ramsey (…)
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It’s Alive !!
2 novembre 2015, par Sébastien BourdonParce que la confusion est si souvent faite, rappelons-le à toutes fins utiles, Frankenstein, ce n’est pas le monstre, c’est celui qui l’engendre. Le professeur Henry Frankenstein est-il fou ou génial, qu’importe finalement, seules les conséquences de ses actes jugeront de son étrange œuvre. Le livre de Mary Shelley (« Frankenstein ou le Prométhée Moderne » - 1818) et ses multiples adaptations nous ramènent à la fable du Golem, quelque chose que l’humain conçoit, semble maîtriser un instant, (…)