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Le Voyage en Italie (Chapitre 9 - 1ère partie)

mercredi 3 août 2022, par Sébastien Bourdon

Grado, le 26 juillet 2022

L’été dure depuis des semaines partout tout le temps et où que l’on aille, la chaleur est insupportable. A Padoue (Vénétie), ville souvent et régulièrement arpentée, on va décider de ne pas s’en vouloir de rester au frais. Seules sorties raisonnablement autorisées, les thermes à Abano (elles sont « preistoriche », elles ont donc fait leur preuve) et les restaurants climatisés.

Et puis fuir, prendre la direction de Trieste et de la mer pour arriver à Grado (Frioul-Vénétie Julienne).

Chose amusante que l’on repère immédiatement en arrivant : tout est en deux langues, en italien certes et évidemment, et en allemand. Les menus, les indications, les notices et on peut même dégoter quelques Zeitung à la plage, pour peu qu’il reste des êtres humains pour lire un journal papier. C’est un mélange intéressant - les mauvaises langues diront qu’il s’est déjà produit par le passé - mais conséquemment ce n’est plus tout à fait l’Italie (d’ailleurs mon téléphone m’a expliqué que j’étais arrivé en Slovénie). C’est peut-être aussi pour cela que l’on peut tout faire à vélo, mais ça, on ne peut s’en plaindre.

En réalité, on l’apprendra plus tard, si les touristes sont dans leur grande majorité autrichiens, c’est que le village avec ses plages (une île jusqu’à la construction du pont sous Mussolini) resta terre de l’Empire austro-hongrois jusqu’en 1918, tout comme la voisine Trieste.

Il fait chaud, mais même ultra civilisée, la proximité de la mer reste une garantie de fraîcheur, ce qui se révèle particulièrement émerveillant quand vient le soir. Même les moustiques ne gâcheront pas la fête de nos corps harassés retrouvant un semblant de mobilité sans risquer l’apoplexie caniculaire.

L’accalmie sera d’autant plus tenace que l’orage s’abattra sur la petite cité balnéaire, et aucune raison de s’en plaindre, là encore. Cela n’empêche en effet nullement de passer la journée sur les rochers, à lire et se baigner.

Aquileia, le 28 juillet 2022

A une dizaine de minutes de Grado se trouve la petite bourgade d’Aquileia. Eut un temps reculé, de par son exceptionnelle situation géographique, cette dernière fut la quatrième ville la plus importante d’Italie (du temps où on parlait d’Empire romain donc).

Son déclin entamé à partir du 4ème siècle après JC l’a ramenée aujourd’hui à un bled mais dont on extrairait du sol des merveilles absolues, entre ruines romaines et paléo-christianisme.

Le sublime étalé sur sept siècles peut se contempler dans l’admirable musée archéologique, mais il faut surtout se préparer à un syndrome de Stendhal en découvrant les mosaïques dans la basilique. On y perçoit une religion balbutiante colorée et luxuriante, attachée à une représentation de la nature et de ses richesses (fil conducteur, Jonas - Giona - et ses mésaventures baleinières).
Achevées autour de 320 après JC, ces réalisations ont été enfouies 60 ans plus tard lors des transformations opérées dans l’édifice. Elles nous sont donc restituées aujourd’hui dans toute leur munificence, n’ayant que très peu subi les ravages du temps.

Grado, le 29 juillet

Ça prend toujours un peu de temps. La vie urbaine et professionnelle, si prégnante et envahissante tout au long de l’année, ne se dissout pas si facilement dans le soleil et l’eau.

Et puis, un soir, alors que la lumière descend dans la mer, que l’on commence à penser à remballer les serviettes et maillots pour envisager ce que sera la vie nocturne, on se met à ressentir quelque chose. Les sons sont atténués, on perçoit distinctement les clapotis d’une mer paisible, au-dessus quelques mouettes volent groupées, forcément rieuses. Les gens parlent fort, courent après des enfants jamais rassasiés de plage et de lumière, mais c’est l’heure, il faut rentrer maintenant.

L’artère principale du village, du bourg, du port etc. où l’on cherche un endroit pour se sustenter qui ne soit point trop attrape-couillons bruisse de la foule des vacanciers animés par cette même quête. Les femmes sont toujours un peu plus élégantes que les hommes, à elles les robes chatoyantes ou les jupes courtes, à eux le sempiternel pantacourt (pourtant interdit par la convention de Genève) et les sandales allemandes.

Qu’est-ce qui dans ces agglomérations humaines saisonnières produit le déclic et que l’on se sent soudainement loin de la ville et de son agitation oppressante : est-ce inhérent à ces lieux, où notre acquis, ces années de vacances dont le premier parfum s’est durablement imprimé dans l’enfance ?

Le sentiment qui suit est nécessairement hélas : mince, ça va passer si vite…

Sébastien Bourdon

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