Le Voyage en Italie - Chapitre 10 - Padoue

Appelons cela un vol de soirée, « vol de nuit », ça fait un peu Saint-Exupery, et ça se prête mal aux moins de deux heures de voyage low-cost pour aller de Paris jusqu’à Venise.

A quoi voit-on, ici aussi, dans les airs, que le papier n’est plus à la mode : les lumières sont éteintes durant le vol, et personne ou presque n’allume sa loupiote pour parvenir à lire des pages imprimées. La nuit bientôt italienne est illuminée par des petits écrans, qui aspirent les passagers hors de l’habitacle.

Prendre un petit-déjeuner en terrasse dans une banlieue résidentielle de Padoue, un vendredi matin de printemps, c’est ne se retrouver entouré que de retraités diserts et expansifs, généralement équipés d’un petit chien au poil soyeux. Ça papote, pendant qu’on enchaîne les cappuccino. A ce prix là et à cette qualité, ce serait effectivement idiot de se réfréner. Et puis, il y a ici un enthousiasme du personnel à servir qui fait qu’on ne partirait jamais, en parisien peu habitué à autant de politesse prévenante et souriante.

Le soleil a cette généreuse attitude sous ces cieux que d’être tout de suite plus présent, dans un coin où le climat est pourtant parfois rude. Et la lumière se rappelle à notre bon souvenir.

A propos d’éclairage lumineux, c’est d’une banalité affligeante sur Instagram, mais le Spritz - rouge ou orange, selon qu’on y mette de l’Aperol ou du Campari - c’est bien joli au soleil couchant Piazza delle Erbe. Ça vous assomme gentiment, avec la belle illusion d’être désaltéré. On tente de lire La Repubblica, mais on se distrait des gens qui passent en contre-jour.

On remonte sur les vélos, ça dissipera un peu l’ivresse mais surtout pas le plaisir des lieux.

Sébastien Bourdon