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« La Crèche : Mécanique d’un Conflit » de François Hien - Espace 1789, le 14 novembre 2025

samedi 15 novembre 2025, par Sébastien Bourdon

La Ville est Tranquille

« Inspirée de faits réels », la pièce - de fiction, lieux et personnages sont inventés - tire sa trame et son propos de la fameuse affaire Baby-Loup.

Bref rappel des faits, avant d’aborder le fond : au sein d’une crèche privée, nonobstant un règlement intérieur interdisant expressément l’affichage de signes religieux, une employée de retour de congé parental persiste à garder son voile. La directrice lui laisse le choix de l’enlever ou de démissionner.

La tentative de la salariée d’obtenir une rupture conventionnelle tourne court pour s’achever dans un licenciement pour faute grave, prémisse d’une longue guerre judiciaire, lourdement symbolique et largement médiatisée.

Affrontement en plusieurs parties, l’œuvre est au sens propre un dossier, où chacun va bâtir et adapter son argumentaire pour que soit finalement tranchée une situation irréconciliable. Car la justice des hommes est ainsi faite que la compréhension et la nuance n’empêchent pas la nécessité d’une décision.

Voilà une pièce que chacun regardera de sa fenêtre, socio-culturellement parlant, avec peut-être quelques inquiétudes. La grande habileté est que chacun y trouvera ponctuellement ce qu’il espère ou croit, pour être bousculé ensuite dans ses convictions, du fait d’un permanent contre-champ possible.

L’habileté du spectacle réside en effet dans cette redistribution continue de la parole et des points de vue.

L’exercice est d’autant plus délicat que, si longue dure la pièce, elle n’en est pas moins tourbillonnante, les scènes et situations s’enchaînant sans répit. Dans cette agitation grandissante, il serait aisé de perdre le fil, et c’est un véritable tour de force d’écriture et de jeu que de nous maintenir à flot tout du long, sans lassitude ni temps mort.

Les actrices se distribuent les rôles, sautant en un éclair d’un personnage à un autre, changeant de tenue en coulisses pour devenir employée de la crèche, avocat, journaliste, mère de famille, jeune des banlieues, policier etc.

Seule la directrice de la crèche (Estelle Clément-Bealem) reste, si l’on ose dire, dans son rôle, celle par qui le scandale arrive, illustration emblématique de l’adage selon lequel l’enfer est pavé de bonnes intentions.

À la sortie de la salle, on se souvient que la justice est passée mais que les problématiques subsistent. Si la pièce donne à entendre tout le monde, il est probable qu’elle ne modifie qu’à la marge les convictions des uns et des autres. Toutefois, exposer tous les points de vue est rare, justifiant très largement l’enthousiasme que suscite ce spectacle.

Sébastien Bourdon

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