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« Merteuil » de Marjorie Frantz - Mise en scène de Salomé Villiers - Théâtre du Lucernaire

lundi 26 février 2024, par Sébastien Bourdon

Femmes des Années 1780

Projet audacieux s’il en est, se piquer d’écrire une suite aux « Liaisons Dangereuses » (Pierre Choderlos de Laclos - 1782), et même pas sous une forme épistolaire, mais en optant pour une pièce de théâtre.

L’auteure - Marjorie Frantz, également interprète du rôle titre - imagine ainsi des retrouvailles, quinze ans plus tard, entre la Marquise de Merteuil et Cécile de Volanges (Chloé Berthier). Cette dernière, à l’époque vierge effarouchée tout juste extraite du couvent pour être mariée à un vieux barbon, fut préalablement sacrifiée au bon plaisir du couple de diaboliques libertins que Merteuil forma avec le Vicomte de Valmont.

Cécile de Volanges, devenue épouse et mère, puis veuve, est à l’origine de ce rendez-vous mystérieux, au cœur de la nuit dans un relais de chasse, loin de Paris et de ses frasques.

Madame de Merteuil est éventuellement fanée mais n’a rien perdu de sa superbe. Cécile de Volanges, de pucelle timide est devenue femme de caractère, et c’est avec détermination qu’elle entend affronter l’ancienne mondaine lui ayant fait découvrir les cruautés des choses de l’amour. Valmont est depuis passé ad patres, elle paiera donc pour les deux.

La discussion ne reste évidemment guère longtemps à fleurets mouchetés : même si Madame de Merteuil s’acharne à rester sur le terrain de la causticité et du cynisme, la dame de Volanges entend bien lui faire ravaler son attitude passée et sa morgue conservée.

Les saillies verbales sont particulièrement senties : et si l’on décide que nous sommes sur le terrain d’un féminisme subtil, c’est à une querelle des Anciennes et des Modernes que nous assistons.

Il est vrai qu’entretemps la Révolution Française est passée par là et que va débuter le 19ème siècle. La doyenne des deux parle de résistance au patriarcat par la liberté donnée au corps, la cadette évoque un viol, un abus physique et psychique : autres temps, autres mœurs.

Il n’est pas interdit de penser que c’est un monde complexe et que les développements et raisonnements de chacune se valent, l’auteure se refusant à condamner l’une ou l’autre.

La résolution de l’affaire sera cruelle, mais ne l’était elle pas depuis le début, si ce n’est depuis toujours ?

Sébastien Bourdon

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