Une Mort si Douce
Michael Haneke est un immense cinéaste, quand bien même il mettrait souvent sa maîtrise au service de l’éprouvant et de l’insupportable. Surtout, cette manière crue de montrer l’affreusement humain ne relève pas de la provocation gratuite, ni de la volonté de choquer le bourgeois. Le réalisateur autrichien est probablement un humaniste désespéré par ses semblables et par leur sort. Filmer sans fioritures autres que cinématographiques et photographiques serait sa manière (…)
Articles les plus récents
-
« Amour » de Michael Haneke (2012)
27 avril 2024, par Sébastien Bourdon -
Pearl Jam « Dark Matter »
20 avril 2024, par Sébastien BourdonSpinning the Black Circle
Tout le monde est mort ou presque, sauf Pearl Jam. Ce sont les derniers, nos « highlanders » du grunge, las, leurs chemises sont toujours à carreaux, mais un peu trop bien repassées.
Dans le rock n’roll comme ailleurs, pour peu que l’on reste en vie, on s’assagit, mais c’est peut-être simplement dû à la rouille ou à l’assèchement qu’amène la prise d’âge.
Alors qu’en est-il de l’album tout juste sorti de ces vétérans de Seattle, « Dark Matters ».
La pochette (…) -
« Le Mal n’existe Pas » de Ryūsuke Hamaguchi
14 avril 2024, par Sébastien BourdonThe Evil Eye
Rarement film n’aura tenu d’abord à autant planter le décor. Telle la hache de Takumi (Hitoshi Omika) qui s’enfonce implacablement, mais presque paisiblement dans les bûches, le réalisateur expose d’abord longuement un lieu et ceux qui l’habitent : Mizubiki, village de montagne à deux heures de Tokyo.
Takumi va chercher de l’eau à la rivière, trouve du wasabi sauvage pour son ami cuisinier, arpente les bois avec sa fille en nommant chaque arbre, veuf calme (mais pas (…) -
« Sidonie au Japon » d’Elise Girard
12 avril 2024, par Sébastien BourdonHistoire de Fantôme Japonais
Sidonie Perceval - un vrai patronyme d’héroïne - est une petite souris rousse, du genre qu’il ne faut pas secouer parce qu’elle est pleine de larmes.
Portée par une Isabelle Huppert presque juvénile d’allure, le personnage, écrivaine en panne sèche et habitée par des drames personnels, entreprend avec réticence un périple japonais. Ce voyage est organisé par son éditeur local (Tsuyoshi Ihara), à l’occasion de la ressortie là-bas de son premier livre.
Le (…) -
« Conversation avec Romy Schneider » de Patrick Jeudy
10 avril 2024, par Sébastien BourdonSpleen Germanique
Peut-on imaginer créature plus cinématographique que Romy Schneider, quand bien même cette dernière s’est illustrée souvent dans des rôles de femmes contemporaines, ancrées dans leur époque.
Si l’on excepte la période « Sissi », princesse de pacotille, née d’un cinéma allemand qui voulait oublier le nazisme pour remonter dans un temps idéalisé, Romy Schneider a incarné une sorte d’arc féminin : la femme comme fantasme érotique chimiquement pur (« La Piscine » de (…) -
The Day the Music Died
5 avril 2024, par Sébastien BourdonOn peut voir sa jeunesse mourir avant d’être enterrée. Quand Kurt Cobain s’est violemment dézingué, il nous a en quelque sorte sifflé à lui tout seul la fin de la partie (quand bien même Andrew Wood l’avait précédé).
Aujourd’hui, même la mort du leader de Nirvana n’est plus jeune, elle a pile trente ans.
Depuis que la musique enregistrée existe et qu’elle se diffuse partout et tout le temps, c’est bien le son qui fait une époque, un temps donné, quand bien même ses frontières exactes en (…) -
« Dans la Peau de Blanche Houellebecq » de Guillaume Nicloux
3 avril 2024, par Sébastien BourdonBelle Île Amère
Michel Houellebecq est un habitué du cinéma de Nicloux, puisque c’est la troisième fois qu’il joue dans un de ses films, et toujours dans son propre rôle.
On le prend ici comme il est dans la réalité, et le côté, disons disruptif du personnage, va ici servir de fil conducteur : sa cote de popularité n’a pas franchement progressé avec le temps, ce dont l’écrivain a l’air de globalement se tamponner, mais ses propos les plus récents sur l’Islam ou le déclin des (…) -
« Hors Saison » de Stéphane Brizé
31 mars 2024, par Sébastien BourdonVague à l’âme
La caméra pénètre dans une station balnéaire bretonne au creux de l’hiver, au son d’une ritournelle qui n’est pas sans rappeler les travaux faits par Philippe Sarde pour Claude Sautet. Il y a d’ailleurs dans cette grisaille atlantique où vont se développer des sentiments quelque chose du cinéma de ce réalisateur emblématique, sauf qu’ici, peu de scènes de groupe et presque pas de copains.
Stéphane Brizé semble laisser un peu de côté sa fibre sociale, mais ne perd pour (…) -
« La Ville des Vivants » de Nicola Lagioia
27 mars 2024, par Sébastien BourdonHomo homini lupus est
Hasard des pérégrinations, je ne connais de Rome que le chemin de fer qui y mène et la gare de Termini. Je n’en ai donc qu’une idée de carte postale, probablement essentiellement constituée de clichés et de plans séquences.
L’Italie se prête volontiers - et de manière souvent heureuse - à l’idée que l’on se fait de ce pays, comme d’une contrée époustouflante d’une beauté accumulée au cours des siècles.
Même sa face sombre est souvent vue avec mansuétude dans la (…) -
Radio Gaga
24 mars 2024, par Sébastien BourdonÊtre cité à la radio, dans une émission phare de ma pensée, c’est un peu une forme d’aboutissement.
On ne court pas forcément après les médailles, mais dans le classement « toi aussi, tutoies l’Olympe », je crois n’avoir jamais ressenti un tel sentiment de satisfaction égotiste, surtout en finissant d’accrocher le linge.
Ce petit moment de gloire personnelle se hisse ainsi au niveau de l’apparition de mon nom dans le journal Tintin, après que j’ai fait partie en 1984 des gagnants d’un (…)