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Il faut des preuves ou c’est le dawa

Responsabilités Républicaines

mardi 8 mai 2007, par Christopher Montel

Échantillon d’ambiance à la place de la Bastille, alors que des cars de renfort de la Gendarmerie se garent juste devant quelques scooters, le lundi 7 mai vers minuit, un jour après la victoire écrasante du candidat Nicolas Sarkozy : « Putain les schmidt, c’est quand vous voulez, on a tout ce qu’il faut, on a les bombes lacrymogènes, on a les guns, on a les gilets pare-balles, on vous attend. »

Une centurie de gendarmes alignés et recouverts d’un Full Metal Jacket bloque l’entrée de la rue de la Roquette. En face, des familles ou des amis les regardent, amusés. Leur centurion, aux jambières plus imposantes et dont la cuirasse reflète mieux les lumières nocturnes de la ville sur son torse (mais il n’avait pas de cape !), arrive et pousse violemment par l’épaule le dernier de la file sur les autres en criant « repli à gauche, repli à gauche ! », sous les rires et les sifflets.

À voir la tête qu’ils font, on comprend que ces jeunes bidasses volontaires sont les premiers à se demander ce qu’ils foutent ici, à bloquer une rue cinq minutes pour se faire houspiller vers une autre. Quelques jeunes donnent rendez-vous pour le lendemain aux cars de gendarmes qui repartent. L’un d’eux leur crie « bientôt vous serez avec nous ! » J’avais plutôt envie de leur dire qu’à force de se poser des questions sans réagir, ces engagés des légions de l’Empire Sarkozyste finiraient peut-être par se les poser sous les balles dans un village iranien ou irakien.

Moi, pas de problème, tout baigne, ch’uis peinard, j’ai fait ma Journée d’appel à la défense nationale à Issy-les-Moulineaux dans le neuf-deux, et je pourrais dénoncer de chez moi, dans un article, l’engagement militaire de la France dans le Golfe, pendant que ces engagés volontaires se feront lentement taillader la trachée artère au cutter, en regardant, avec des yeux ronds comme ceux des poissons, l’objectif d’une caméra amateur en Mésopotamie.

Les années noires

Fin 2007. Premier attentat terroriste à Paris depuis les attentats du RER en 1995. On suggère immédiatement l’implication de filières marocaines et algériennes. Le Président de la République Nicolas Sarkozy monte en haut d’un amas de ruines que l’on avait préparé pour l’occasion, aux côtés d’un employé technicien ayant survécu à l’incendie terroriste, et promet une vengeance appropriée, sous les acclamations de la foule. Il part le lendemain à Camp David aux États-Unis, avec le ministre des Affaires Étrangères Xavier Bertrand, pour y recevoir le soutien inconditionnel du Président Georges W Bush, qui déclare en rigolant, à côté d’un Nicolas Sarkozy attentif et prêt à sauver son ami d’une bourde, « Aujourd’hui encore, nous sommes tous Américains ».

Mais lorsqu’il est l’invité de Bill O’Reilly, dans l’émission The O’Reilly Factor sur Fox News, le Président Nicolas Sarkozy montre un visage plus ferme à l’égard des États-Unis, en priant indirectement Bush de revoir son refus de signer le Protocole de Kyoto. « Il faut que nous travaillons ensemble à la réduction des gaz à effets de serre », dit-il, avant de se faire brutalement interrompre par le présentateur O’Reilly, qui le somme de revenir à la question plus urgente du terrorisme mondial.

En France, sur TF1, Rachida Dati et Bernard Tapie, tous deux devenus présidents d’associations d’aide aux familles des victimes des attentats de 2007, dénoncent « la calomnie » d’articles publiés dans certains journaux tel l’hebdomadaire Le Canard Enchaîné ou sur Internet, qui désignent Nicolas Sarkozy et sa politique extérieure atlantiste comme les responsables ultimes des attentats. « Il est inadmissible d’insulter les victimes des attentats en pointant le Président de la République du doigt. La France ne se laissera pas intimider. Elle décide seule de sa politique dans le monde, sans céder au chantage de traîtres et de terroristes », s’exclame Tapie.

Le quotidien Libération présente publiquement ses excuses pour avoir publié, un jour après les attentats, un article de Daniel Cohn-Bendit, interdit de séjour en France depuis juillet 2007, comparant la réaction du gouvernement de François Fillon au gouvernement d’Aznar en mars 2004, après les attentats de Madrid. Il aurait été question d’un procès.

Un chanteur de variété de banlieue se fait assassiner par balle, dans le dos, en pleine rue, depuis une voiture qui redémarre en trombe et de laquelle les témoins entendront crier « sale traître ! ». Le ralliement de la victime à Nicolas Sarkozy quelques mois auparavant ne laisse planer aucun doute sur les motivations des présumés coupables qu’on ne retrouvera jamais. On en parle beaucoup dans les médias, mais les associations de quartier déplorent avant tout la banalisation de la violence au niveau national favorisée par ce meurtre totalement contre-productif, voire suspect : des témoins auraient aperçu quelques minutes avant le drame un gyrophare se faire arracher du toit de la voiture par un des passagers, d’un geste du bras.

Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux confirme : les attentats ont bien été perpétrés par des réseaux essentiellement basés en Mauritanie du Sud et en République Démocratique du Congo. La mobilisation en Palestine, en Irak et contre l’Iran est donc immédiatemment déclarée par l’ensemble des pouvoirs législatifs et exécutifs et approuvée en dernier recours par le Conseil Constitutionnel.

Au Palais Bourbon, les députés UMP, largement majoritaires après les législatives de juin 2007 et le ralliement de la quasi-totalité des députés UDF, appellent à la création d’un nouveau parti, l’Union Nationale Française (UNF). Dominique Strauss-Kahn et Eric Bresson surenchérissent et réclament, à l’initiative de Gilles de Robien, un « supra parti » qui regrouperait, sous la direction du Président de la République, les diverses mouvances centristes. À Bruxelles, on appelle la France « le 51e État américain ».

Le dégel

Printemps 2018. 2 500 000 personnes, selon les chiffres des organisateurs, manifestent à Paris contre l’enfer criminel et sans but au Proche-Orient, au Moyen-Orient, et dans toute l’Asie centrale. Au niveau national, plus de 4 000 000 de personnes manifestent dans toutes les grandes villes de France, Paris inclus. Le gouvernement de Madame le Premier Ministre Marine Le Pen dénonce la récupération par les soixante huitards des mécontentements et de l’impatience de la société, à l’occasion du cinquantenaire. Les partis et les organisations d’extrême gauche dénoncent l’interdiction à des sympathisants étrangers, européens pour la plupart, de passer la frontière pour participer à la marche parisienne.

On retrouve néanmoins parmi les manifestants beaucoup de centristes qui en 2007 avaient voté Sarkozy au deuxième tour des Présidentielles, et UMP aux législatives, « pour éviter le cauchemar d’une cohabitation » - ils tiennent toujours à le préciser. Il y a même des Gaullistes old school, qui se disent désormais « écoeurés » par la destruction de l’héritage du Général à la France depuis 1940 par le régime Sarkozyste.

Jusqu’ici les différentes forces de l’opposition avaient subi une débâcle quasi totale depuis la catastrophe des élections législatives de juin 2007, qui donnent à l’UMP plus des trois-quarts des sièges de députés. Olivier Besancenot, devenu selon les sondages la personnalité de gauche la plus appréciée des Français (en tête avec 8%), en disant systématiquement « non » à Sarkozy, avait déjà parlé d’une « Naqba presque définitive de la Gauche française qui refuse toujours à se décider sur un choix devenu de plus en plus simple et clair : pour ou contre le Sarkozysme. »

Prouvez-moi que je ne suis qu’un jeune frustré qui cherche des chevaux de bataille là où il n’y en a pas. Prouvez donc aux pauvres gauchistes paranoïaques, aux as des théories de la conspiration, aux âmes simples qui réduisent l’histoire de l’Humanité à la lutte contre le méchant capitalisme et ses guerres sociales et coloniales, aux fils de bourgeois qui ont suffisamment de temps et d’argent pour faire des documentaires accusant le gouvernement Bush d’avoir organisé les attentats du 11 septembre 2001, prouvez à toute cette racaille qui fout le feu à la Bastille sans raisons, alors qu’en ce moment notre nouveau Président n’est même pas en France et s’installera à l’Élysée le 17 mai, prouvez à tous ceux-là, à la Nation, à la République, qu’ils ont tort, qu’ils feraient mieux de se calmer et de rentrer chez eux, pour la simple et bonne raison que vous, ceux qui ont voté Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux, les 53 % des 85% des électeurs, vous serez là avec nous, sans faute, sans abstention, sans concessions, sans nous laisser tomber seuls, si jamais les choses dérapent sérieusement - si jamais le cauchemar de quelques frustrés de gauche devient réalité !

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