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Les mères des soldats russes entrent dans la bataille

...contre le Président Poutine et la guerre en Tchétchénie

mardi 10 février 2004, par Paul Kirkness

Il y a quelques jours, nous dénoncions la violence interne qui gangrène l’armée russe de l’intérieur... Aujourd’hui, nous sommes heureux d’apprendre que l’ONG dont nous avions cité l’existence, "l’Organisation des Comités de mères des soldats", se transforme en parti politique et ce contre le Président Poutine et en réaction aux élections législatives de décembre 2003. Voilà qui vient "conforter la démocratie" dans ce pays.

L’ONG vient de créer le "Parti populaire des mères des soldats". Selon une fondatrice, le parti propose de s’attaquer à la gigantesque machine militaire de Russie. Ces mères (mais aussi des grand-mères, des nièces, des sœurs, des filles...) dénoncent une armée, qui a très peu évoluée depuis l’ère soviétique. A aucun moment, depuis son élection en l’an 2000, Poutine n’a tenté de montrer ce problème du doigt. Qui plus est, il est donné gagnant aux présidentielles de mars. S’il est réélu - ce qui sera certainement le cas, puisqu’il a actuellement 79% des intentions de vote - on peut estimer que les choses ne changeront pas, ni au niveau de l’armée elle-même, ni sur le front Tchétchène.

Ces femmes se sont toujours opposées à la guerre en Tchétchénie. Pour elles, tant qu’il y aura cette guerre, les valeurs démocratiques de la Fédération ne progresseront jamais. Pour ces femmes, qui à maintes reprises se sont lancées dans des grèves de la faim (malheureusement bien peu efficaces) dénoncent le pouvoir en place. En s’appuyant sur l’exemple du jeune Ilya Sorbel qui en mai 2000 s’était suicidé plutôt que d’avoir à participer à la guerre en Tchétchénie, elles posent une question importante : Est-il légitime qu’un gouvernement puisse envoyer des jeunes hommes commettre des massacres et tant d’autres atrocités ? Les objecteurs de conscience et ceux qui refusent de participer aux campagnes contre la petite république sont traités comme des criminels et souvent, ils sont enfermés... Pour cela, les femmes de l’ONG ont toujours tenus les hauts dignitaires de l’armée russe pour responsables.

Plusieurs fois, en tant qu’organisation, elles sont parvenues à des résultats non négligeables : 500 objecteurs de conscience n’ont pas été jugés comme criminels en fin d’année dernière grâce au comité. Mais ce qui est plus important c’est qu’elles sont arrivées à faire naître certains doutes dans les mentalités des autres citoyens russes. Espérons que leur projet politique sera assez audacieux pour faire avancer cette évolution des mœurs.

Ce projet dénonce l’esclavage que subissent les 300 000 jeunes qui, chaque année, sont appelés à faire leur service. Elles ne se voient pas comme une bande de féministes, mais bien comme des mères qui "elles seules sont prêtes à tout pour défendre l’avenir de leurs enfants". Le parti propose de défendre le droit des enfants et des femmes, mais aussi de responsabiliser le pouvoir face à ses citoyens.

Voilà une excellente initiative... Bien sûr cela n’affectera pas les résultats des élections présidentielles du 14 mars 2004, mais voilà un parti politique issu de société civile (peut-être le premier en Russie). Après les législatives de décembre 2003 où le parti de Poutine, Russie Unie, avait récolté la majorité avec deux tiers des voix, les pro-Poutine sont parvenus à atteindre le stade où ils peuvent amender la Constitution. Poutine, l’homme qui veut soi-disant "conforter la démocratie" sera heureux d’apprendre que ces femmes font justement cela. Un tout petit espoir... mais finalement un bien admirable pas en avant.

Paul Kirkness

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