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Fame (what you get is no tomorrow)

"Les Occupants" Ambroise Colombani (Editions Fauve)

mardi 31 mai 2016, par Sébastien Bourdon

"Les Occupants" Ambroise Colombani (Editions Fauve)

D’ordinaire, je me méfie des écrivains toujours vivants et les lis donc rarement. Mais, je me devais de faire exception ici, s’agissant d’un bouquin écrit par un copain. Avoir un bon copain, c’est mieux qu’une blonde (d’ailleurs ma femme est brune).

On croit connaître les gens et on découvre qu’ils écrivent. Une véritable mise en abîme cette histoire, puisque Vincent, le sombre héros dudit roman, se fait passer pour l’auteur d’un best-seller quand il n’en a pas écrit une ligne. Du coup, si on pousse le raisonnement, l’a t’il vraiment écrit ce bouquin Ambroise ?

Oui, à n’en pas douter, car dès les premières pages il évoque une chemise en popeline de coton et une "poitrine lourde". On s’est suffisamment écrit et parlé en quinze ans pour que je ne doute plus que ce soit bien lui derrière la plume. Et c’est une drôle de sensation que de voir si bien l’auteur au travers de sa prose.

Il a eu toutes les filles, Ambroise, même et surtout les plus indécentes, et voilà qu’il publie un livre, et décent qui plus est.

La trame est certes un peu éculée, l’usurpation d’identité et ses conséquences sur la vie du faussaire, mais quel délice de lecture, un vrai "page turner" comme qualifient si bien les anglo-saxons certains ouvrages particulièrement accrocheurs. On y trouve notamment une belle capacité à installer des atmosphères et un sens indéniable de la formule ("les seins trop impeccables lui faisaient l’effet d’un jean repassé").

Le livre baigne dans un climat très nettement dépressif, notre héros d’abord anonyme traînant sa déglingue molle et érotomane, puis accède soudainement à une célébrité qui prend vite la saveur du "post coïtum animal triste".

On navigue ainsi d’abord dans une sorte de Brett Easton Ellis lo-fi (français quoi). Ce n’est point la finance internationale, c’est l’avocature d’affaires parisienne, avec ses exigences terre à terre de facturation hebdomadaire pour permettre d’assumer les locaux dans le 8eme et l’habitat dans le 7eme (et la maison de campagne plus à l’ouest). C’est là que grenouille ce plus si jeune associé de seconde ligne, un peu dégoûté d’en être, mais peinant à trouver la porte de sortie, et s’oubliant momentanément dans la fièvre du samedi soir, tous les samedis de l’année.

Du coup, lorsque se présente une étrange possibilité de se sortir d’une existence moyenne, il la saisit, quitte à tricher, en risquant de n’y trouver qu’un peu plus de dégoût de soi une fois tues les trompettes de la renommée. Mais le jeu en vaut la chandelle, et Vincent accepte la vénéneuse proposition d’EcrivainX.

L’histoire bifurque ensuite pour nous plonger dans une intrigue mystérieuse, on a besoin de savoir ce qui va se passer ensuite, d’autant que quelques digressions sur une toute autre histoire parallèle assez effrayante augmentent encore notre appétit. Mais n’en doutons point les destinées se croiseront.

Après cette description de milieux privilégiés vaguement destroy et très parisiens, nous partons donc vers la province ensoleillée pour mieux pénétrer le mystère. On se croirait alors dans un polar de Pierre Magnan, dans des lieux habités par un étrange personnage qui ne déparerait pas dans un giallo de Dario Argento. Quant à la population locale, on n’est plus vraiment dans les moulures, les putes et la coke, mais plutôt chez "les chiens de paille" de Sam Peckinpah.

Il va de soi que l’on ne va pas ici s’étendre plus avant sur les tenants et aboutissants du bouquin, mais témoigner plutôt, et en toute objectivité, du plaisir de lecture ressenti et du caractère palpitant d’un livre qui nous aura tenu en haleine jusqu’à la dernière page.

On ne connaît jamais vraiment les gens n’est-ce pas, mais imagine t’on parfois qu’en sus de ce que l’on ignore d’eux, ils ont aussi la tête pleine de fictions palpitantes qui ne demandent qu’à être couchées sur le papier ?

Sébastien

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