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Commentaires sur Pascal Lamy

lundi 11 août 2003, par Thomas Bourgenot

Pascal Lamy, commissaire européen au commerce
"L'Union européenne veut maîtriser la mondialisation  ; elle refuse la loi de la jungle"
LE MONDE | 11.08.03 | 13h14

Bruxelles de notre bureau européen

Le texte de cet entretien a été relu et amendé par M. Lamy.

Sur le Larzac, des milliers de manifestants vous ont accusé d'être l'homme qui veut "privatiser la planète". Comment réagissez-vous ?

Ces manifestants sont sur des positions radicales très éloignées de la réalité des positions de l'Union européenne.(c'est sûr que si les positions de l'Union, c'est la réalité...on va être assez éloigné) D'abord, je ne décide rien seul : je suis le "porte-parole" de l'Union, chargé, à ce titre, d'exécuter un mandat de négociation. Ce mandat a été reconfirmé le mois dernier par deux délibérations, l'une du conseil des ministres de l'Union, l'autre du Parlement européen.

Le Parlement, toutefois, n'a pu se prononcer qu'a posteriori...

Non ; il a régulièrement débattu et pris position à deux reprises cette année (régulièrement deux fois par an....). Le débat sur la politique commerciale de l'Europe existe donc (existe au sein de L'UE et de l'OMC, mais dans quels termes, là c'est LA question à laquelle il se garde bien de répondre) , et c'est très bien ainsi. J'y participe le plus possible car, comme beaucoup, je me pose des questions sur la mondialisation. (Quelles questions ???)L'objectif de l'Union dans cette négociation internationale n'est en aucune façon de "privatiser la planète" mais, bien au contraire, de maîtriser la mondialisation. Car l'Union refuse la loi de la jungle. Si j'ai bien compris, c'est aussi la position des manifestants du Larzac.

C'est pourtant à cause de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) que le consommateur européen est aujourd'hui obligé de dire oui aux OGM : le moratoire va être levé, alors que l'UE n'a rien prévu pour empêcher la contamination des cultures traditionnelles...

La coexistence des cultures est un sujet vieux comme le monde (pas du tout démagaogique de faire croire que la coexistence des cultures avec les OGM peut s'apparenter avec la coexistence du blé avec le maïs...) , les agriculteurs ont toujours su le régler entre eux (Mais les agriculteurs n'ont jamais négocier qu'entre eux, pas avec des scientifiques et des firmes agro-alimentaire...). Ils continueront de le faire sans que l'UE doive légiférer. Concernant les OGM, la nouvelle législation européenne prévoit que leur utilisation sera réglementée, limitée, et que le consommateur européen ne pourra en manger sans en être informé.(Mais bien sûr....)

Vu les problèmes que posent les marchandises, fallait-il soumettre aussi les services aux règles du commerce international ?

Oui, pour la croissance et pour l'emploi : les services représentent les deux tiers du PNB européen et les deux tiers de nos emplois. Ils créent la moitié de la richesse des pays en développement, qui sont demandeurs de plus d'ouverture dans ce domaine.(demandeurs ? vraiment ? Ce ne serait pas les pays "développé" qui sont saturés et qui veulent vendre plus à des pays en développement, extension de marché des pays riches ?)

Les altermondialistes vous accusent de mettre en danger les services publics.

A tort. Les entreprises étrangères devront respecter les obligations de service universel prévues par la législation européenne comme n'importe quelle entreprise de chez nous.(à noter, s'il y a obligations de service universel, on peut parler de service public. Or, si une entreprise étrangère doit s'y soumettre sur le territoire français, c'est que cette entreprise s'occupe du service et plus l'Etat. C'est à dire une privatisation. Voilà comment on démontre, pour Pascal Lamy que "les altermondialistes l'accusent A TORT de mettre en danger les services publics"... mais attendez la suite) Une entreprise de messagerie devra, par exemple, acheminer son courrier dans une zone rurale difficile d'accès au même prix que dans une zone "rentable". Autre exemple : les élus locaux pourront continuer de confier leurs cantines à des restaurateurs qui promeuvent le commerce équitable plutôt qu'à d'autres, même moins chers ; c'est à eux de le prévoir dans leur cahier des charges. Il faut bien comprendre que nous négocions l'ouverture du commerce des services et non la réglementation de ces services ou leur privatisation (Ca c'est ce qu'on appelle chez Pascal Lamy, la lutte contre la loi de la jungle, on ouvre le commerce des services et on laisse faire. Et on ne se doute pas une seule seconde que quand on fait ça on arrive inéluctablement (pour parler comme un chroniqueur dans les média qui mentent) à une privatisation) . Cela, ce sont les "affaires intérieures" de l'Europe.

Pouvez-vous garantir que certains services, porteurs de valeurs et de sens, comme l'éducation, la santé ou l'audiovisuel, ne feront pas l'objet de marchandages ?

Absolument. Le mandat qui m'a été confié prévoit explicitement que l'Union ne fera pas d'offre en la matière. (Pascal Lamy ment. Les entreprises françaises d'enseignement privé (enseignement à distance, programmateur de programmes scolaires...) font de grosses pressions sur l'Europe pour que dans le cadre de l'OMC, les échanges augmentent et les marchés s'ouvrent, et notamment ceux du Sud. On sait tous que si les marchés s'ouvrent au sud, les barrières qui restent sautent, c'est à dire l'Europe. D'ailleurs, Pascal Lamy ne ment qu'à moitié. Il dit que l'Union ne fera pas d'offres, mais il ne parle pas des demandes.... Canaillou va.)

Certains paysans proches de José Bové protestent contre la réforme de la politique agricole commune (PAC), dont ils disent qu'elle ne supprime pas les injustices, comme la vente de produits européens à des prix inférieurs aux marchés mondiaux.

Cette réforme, nous la faisons car nous en avons besoin pour rendre notre modèle agricole soutenable. Elle aura pour conséquence de diminuer les subventions aux exportations. Les revendications entendues sur le plateau du Larzac viennent donc renforcer sur ce point les positions de l'Union.

La protection des origines géographiques de certains produits fait partie de votre mandat. Le roquefort est-il sur la liste ?

Bien sûr ! Le parmesan et le stilton aussi. (ah ah, quel blaguiste alors. Pas une occasion de perdue de se fendre la poire.)

Propos recueillis par Rafaële Rivais

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