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« L’île aux Chiens » de Wes Anderson

mardi 1er mai 2018, par Sébastien Bourdon

Chacun Cherche Son Chien

Un beau jour, au pays du Soleil Levant, leur faisant porter la responsabilité de toutes sortes de maux, on décide que les chiens, qu’ils soient errants ou fidèles, sont indésirables, seuls les chats trouvant maintenant grâce aux yeux des humains.

On décide donc manu militari d’exiler tous les canidés sur une île au large. Le lieu manque un peu de charme puisque c’est également en ce même endroit que l’on se débarrasse des ordures ménagères. Le meilleur ami de l’homme se découvre ainsi devenu moins que rien, un déchet parmi d’autres.

Et voilà une population entière, animale mais douée de raison, brutalement obligée de se passer pour toujours de toilettage, de caresses, comme de friandises.

Se sentant injustement déclassés, sales et abandonnés, les chiens traînent leur langueur, philosophant amèrement sur la cruauté de l’existence.

Bien sûr, il est quelques humains pour résister à l’annihilation programmée des canidés et notamment Atari, petit garçon qui se rend illégalement sur l’île mystérieuse y retrouver Spot, son camarade à quatre pattes dont on l’a cruellement privé. Assisté d’un quintette de chiens mal peignés mais démocrates, il va partir à sa recherche.

Cette quête de l’un de leurs comparses sur l’initiative de ce petit homme va donner un sens à l’existence devenue absurde de ces serviteurs à quatre pattes. Et l’île se révélera pleine de beaux mystères et non un simple et triste amas de détritus.

Wes Anderson réutilise donc, après l’excellent « Fantastic Mr Fox », la solution de l’animation pour faire œuvre de fiction. Si cette seule technique donne l’impression de renouveler le cinéma du réalisateur, les développements esthétiques et narratifs restent ancrés dans son oeuvre. L’auteur est en effet fidèle à lui-même, notamment dans son attachement à la mélancolie et dans son refus du cynisme. La lucidité n’interdit pas une raisonnable utopie.

Se confronter aux autres, fonder avec eux des assemblages dysfonctionnels mais essentiels, voire salvateurs, Wes Anderson ne change pas de voie, mais l’illustre ici avec autant de modestie que de grâce. Tout est beau dans ce monde un peu cruel, avec le charme puissant du travail fait à la main.

Sébastien

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