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« L’Empire » de Bruno Dumont

lundi 11 mars 2024, par Sébastien Bourdon

Les Plages du Débarquement

Sur la Côte d’Opale, s’affrontent en de singuliers combats les forces du Bien et du Mal. Les gentils sont essentiellement féminins (Camille Cottin, Anamaria Vortolomei) quand les méchants sont plutôt mâles (dominants évidemment, Fabrice Luchini, Brandon Vlieghe).

La période est d’autant plus cruciale que l’enfant Margat grandit et qu’il conviendrait d’éliminer ce suppôt de Belzébuth en devenir si l’on veut pouvoir éviter que n’advienne l’Enfer sur Terre.

Bruno Dumont arrive à faire se dérouler cette histoire typique de mille scénarios plus ou moins lourdingues (mais plaisants) de science-fiction dans le Nord Pas-de-Calais avec un brio qui, au moins la première heure, force le respect.

Sans rien effacer de son naturalisme de prédilection, le réalisateur y ajoute donc soucoupes volantes et sabres laser, et ça passe crème, avec grâce et drôlerie.

Les trognes des gars du Nord sont pourtant filmées de près, sans pitié pour la disharmonie des traits, mais il y a une forme d’intégrité photographique (qui pourrait faire penser aux travaux de Walker Evans) et qui restitue une indéniable beauté à ces physiques cabossés.

Dumont prend toutefois moins de risques lorsqu’il cadre ses très jolies actrices. Quant aux paysages boulonnais, ils sont tous somptueux, surtout sous la lumière estivale. S’agissant des scènes de science-fiction pure, elles ont été tournées dans des sites magnifiques, comme la Sainte Chapelle à Paris, pour être retravaillées ensuite à la palette graphique.

Tout cela donne une première heure belle et surprenante, à la force comique aussi efficace que sobre. Las, cette bonne plaisanterie s’étire un peu trop, devient grinçante, et se perd dans un discours philosophique trop banal pour être convaincant : le mal et le bien sont intrinsèquement liés (sexuellement notamment), comme l’enfer est pavé de bonnes intentions.

Au final, le vide de Dumont se révèle moins plein que celui de Dupieux, par exemple, et surtout plus long. Reste quand même un objet filmique volant qui conserve le charme intact d’être non identifié.

Sébastien Bourdon

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