Accueil > Francais > Cinéma > « Dans la Peau de Blanche Houellebecq » de Guillaume Nicloux

« Dans la Peau de Blanche Houellebecq » de Guillaume Nicloux

mercredi 3 avril 2024, par Sébastien Bourdon

Belle Île Amère

Michel Houellebecq est un habitué du cinéma de Nicloux, puisque c’est la troisième fois qu’il joue dans un de ses films, et toujours dans son propre rôle.

On le prend ici comme il est dans la réalité, et le côté, disons disruptif du personnage, va ici servir de fil conducteur : sa cote de popularité n’a pas franchement progressé avec le temps, ce dont l’écrivain a l’air de globalement se tamponner, mais ses propos les plus récents sur l’Islam ou le déclin des civilisations l’ont rendu tricard à peu près partout.

Peu lui chaut finalement, d’autant plus qu’il apprécie de ne pas avoir à apparaître publiquement. Exception est pourtant ici faite pour un concours de sosies de lui-même en Guadeloupe.

Il quitte donc Paris et ses frasques pour se rendre sur place où il retrouvera Blanche Gardin, également dans son propre rôle. L’expédition sera absurde et psychédélique, l’attelage inattendu devant affronter mille périls incongrus pour parvenir à ce que se tienne l’événement.

Nos protagonistes, entourés de branquignoles de première bourre, affrontent des événements inquiétants ou abscons, et ne trouvent que de mauvaises solutions, comme se bourrer de rhum et de champignons hallucinogènes.

Qu’a bien voulu nous raconter Guillaume Nicloux avec ce délire plus ou moins maîtrisé. Si le garçon sait tout faire, ici il faut s’accrocher tant se multiplient les pistes et rebondissements sans queue ni tête.

A-t-on voulu nous parler des Antilles, et de la souffrance post coloniale aussi persistante que le chlordecone dans les bananes ? Ou bien de ce que Houellebecq n’est pas le monstre que l’on dit, rattrapé ici par la plus irréprochable Blanche Gardin ?

Au bout d’un moment, le film se met à ressembler à un bateau-ivre, où l’absurde devient grinçant. Si l’on sourit encore un peu, une certaine lassitude gagne, et le film pourtant court, finit par devenir longuet.

Sébastien Bourdon