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« Bye-bye Tibériade » de Lina Souallem

samedi 9 mars 2024, par Sébastien Bourdon

On dirait le Sud

Lina Souallem, jeune réalisatrice aux origines palestinienne et franco-algérienne, décide de se pencher sur le passé de sa mère, l’actrice Hiam Abbas.

Issue d’une fratrie de dix, cette dernière a un jour déserté le foyer pour vivre plus librement l’amour et le théâtre. C’est en France qu’elle s’est finalement posée, pour ne plus revenir au lac de Tibériade que l’été, s’y baigner avec sa fille.

C’est une histoire de territoires et d’exils, de départs et de fuites, d’un éternel retour en des lieux changés, mais parfois perdus pour toujours.

Arabes israéliens, coincés par la géographie et la guerre, les membres de la famille de la réalisatrice ont été chassés de chez eux en 1948, pour se réfugier à seulement quelques kilomètres, toujours en Galilée, à Deir Hanna.

Avec images d’archives, vidéos et photos de famille, attachée au pas agité de sa mère, la réalisatrice renoue le fil d’une vie, faisant parler les vivants et les morts.

Si la grande histoire s’est abattue sur cette région avec une violence dont les soubresauts semblent ne jamais vouloir cesser, c’est aussi la petite histoire de ces familles écartelées entre tant de mondes qui est ici contée.

Être arabe israélien, c’est se voir interdire l’entrée dans le monde arabe du fait de son passeport (israélien donc), mais c’est aussi la possibilité d’échapper à un étouffant mode de vie patriarcal. Commençant par le théâtre à Jérusalem, Hiam Abbas a ainsi poursuivi son chemin jusqu’à l’occident, avec le cinéma, de Paris à Hollywood (le film n’en parle pas, mais elle a tourné avec Jarmusch et Spielberg, comme avec Chéreau et Gitaï).

Et c’est ainsi qu’à sa fille elle n’a légué qu’une « moitié de langue », seul l’arabe parlé étant maîtrisé par la jeune réalisatrice. De ces origines éparses, de ces images et témoignages, Lina Souallem, peu présente à l’écran (sauf en archives d’enfance), fait un récit linéaire, porté par la présence magnétique de sa mère.

Il y a bien quelques maladresses, notamment la voix off de la réalisatrice qui ajoute parfois un propos un peu mièvre ou surabondant, et des artifices un peu forcés, comme lorsqu’elle demande à sa mère de rejouer le passé.

Mais le film emporte le morceau, laissant entrevoir dans cet univers féminin une possibilité d’un monde plus doux, plus apaisé et pas moins mélancolique.

Sébastien Bourdon

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