Impressions Nabies - BNF Richelieu, 22 novembre 2025

Le mouvement pictural Nabi a laissé quelques noms (Pierre Bonnard, Édouard Vuillard, Maurice Denis, Félix Vallotton) et images dans nos mémoires, mais c’est le caractère révolutionnaire de sa diffusion aux masses qui est présenté à la BNF, pour une exposition qui ne vous bouffera pas la journée, mais charmera vos mirettes.

Il y avait en effet chez les peintres de ce fugace mouvement - 1890 à 1900 - l’envie de dépasser le champ traditionnel et corseté des Beaux-arts pour toucher le plus grand nombre. Le développement technique de l’estampe, permettant la reproduction des œuvres, donna à ses artistes les moyens de leurs ambitions, poussant la démocratisation de la peinture jusque dans l’affichage publicitaire, et même la production de programmes de théâtre et faire-parts mondains.

À la BNF, on aime le papier, c’était donc le lieu idéal pour évoquer ce mouvement artistique sous cet angle.

Ne visant donc pas forcément les grands et nobles sujets, les Nabis de leurs pinceaux hétérogènes aimaient à dessiner leurs semblables au naturel.

Cet art consommé de la représentation des choses de la vie, se retrouve notamment chez Félix Vallotton, par la fixation d’un réel tangible, quand bien même il serait esthétiquement métamorphosé.

Ce peintre capturait les scènes de la rue, mais produisit également une série sur la vie de couple, aussi belle que cruelle (« Intimités » - 1898). Par des jeux de noir et blanc, il capture le tourment doux-amer du ménage bourgeois, le fixant dans des instantanés à la contemporanéité intacte.

On se retrouve happé esthétiquement, historiquement - la vie et les mœurs de l’époque est ici plus évocatrice qu’une photographie - mais aussi au fond de soi, trouvant dans ces figures immobiles les mouvements et inquiétudes de sa propre âme.

Sébastien Bourdon