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Oh les Beaux Jours

"Les Vacances de Monsieur Hulot" Jacques Tati (1953)

mardi 7 octobre 2014, par Sébastien Bourdon

La projection en 2014 d’un film, que dis-je d’un « classique », de Jacques Tati plonge le spectateur dans un état qui peut varier entre le ravissement et l’ennui. Vous en conviendrez sans doute, les possibilités émotionnelles sont à tout le moins larges.

Prenons par exemple ma progéniture présente le jour dit, quand l’un a adoré, l’autre a trouvé en soupirant qu’il ne se passait rien sur l’écran. L’adulte, votre serviteur donc, a pour sa part trouvé dans cette projection matière à nourrir son inclination à la mélancolie, et n’a de ce fait pas du tout trouvé le temps long. De toutes façons, les vacances sont toujours trop courtes.

En ces temps où l’on bat souvent le pavé en rêvant d’un passé apaisé qui n’a jamais réellement existé, la projection de ce film est de nature à entretenir le mythe. Nous sommes en effet dans une sorte de France idéalisée, entre mer et campagne, où une population à peine bigarrée s’ébat joyeusement, sans crainte de l’autre, ni du ridicule. Le spectacle est charmant, à peine perturbé par les interventions lunaires de ce Monsieur Hulot, surgi de nulle part au volant de sa guimbarde. Le garçon est semble t’il serviable et plein de bonnes intentions envers ses prochains mais accumule gaffes, bévues et boulettes, provoquant toutes sortes de désordres.

Cet étrange comportement agace beaucoup les vacanciers soucieux de jouir paisiblement de leurs congés payés mais lui attire la sympathie des enfants, des jolies jeunes filles et de quelques vieilles personnes qui se refusent à être acariâtres. Ceci posé, c’est là une joyeuse frange de la population et il n’y a pas à rougir de la réjouir.

L’auteur n’a jamais cessé de retravailler le film, et ce jusqu’en 1978, date à laquelle il y incluait encore une nouvelle scène drolatique en hommage aux « Dents de la Mer » de Spielberg qu’il venait de voir au cinéma. Il n’est pas si fréquent que de voir un film comme une œuvre que l’on pourrait retravailler sans fin, à la recherche d’un inaccessible « Director’s Cut », seule la mort clôturant le débat.

Heureux les fous, semble dire Tati, même si l’on voit bien que ce n’est pas toujours rose que d’être incompris. Le petit monde de ce bord de plage est finalement à peine moins absurde que le nôtre, simplement plus doux, c’est ce qui en fait le charme et le rend toujours pertinent, même soixante ans plus tard.

Sur la page Wikipedia du film, le résumé succinct du film se conclut en ces termes : « À la fin de leur séjour, les vacanciers repartent sans que rien d’important ne se soit passé… » C’est bien aussi, de temps en temps, qu’il ne se passe rien d’essentiel dans l’existence.

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