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« La Femme Modèle » de Vincente Minnelli (1957)

dimanche 10 septembre 2023, par Sébastien Bourdon

Voyage à Deux

Exilés sur la côte Ouest, deux new-yorkais, Marilla (Lauren Bacall) et Mike (Gregory Peck), font connaissance durant une nuit de fête californienne. Traitée en ellipse, l’homme reconstituera la soirée pour nous le lendemain, au fur et à mesure du recul de sa colossale gueule de bois, au moment des retrouvailles au bord de la piscine. Il ne s’est rien passé de franchement dramatique, ils ont écrit un article ensemble, le film jouant de l’argent qu’elle lui restitue comme d’une faveur qu’il lui aurait rémunérée.

Dans ce relatif lost in translation, ils se marient et rentrent à New York, éperdument amoureux, la vie commune envisagée comme une promesse de félicité éternelle. Évidemment, cet enthousiasme sera quelque peu douché, ou du moins obstacles inévitables comme imprévisibles s’additionneront.

Voilà un couple de cinéma que l’on n’attendait pas forcément dans une de ces comédies élégantes et enlevées comme Hollywood sut s’y bien en produire à une époque. Mais finalement Lauren Baccal rafraîchit un peu la bourgeoise WASP, ne serait-ce que parce sa richesse provient de son travail (modéliste), au grand dam d’un impeccable Gregory Peck, quelque peu distancé par une femme qui le domine largement sociologiquement et économiquement, ce qu’il affronte avec une maladresse irrésistible.

Ce n’est pas le moindre des charmes de ce film délicieux que de se jouer des clichés (hollywoodiens justement) pour exposer l’universalité des difficultés du couple. A deux, c’est l’idylle, mais les lieux de vie, les métiers, les amis, les amours passés, nos deux stars glamours s’y cognent comme tout un chacun, au risque fréquent du désastre (là encore, comme tout un chacun).

Évidemment, rien n’est grave ni définitif, et c’est toute l’élégance du propos que de glisser sur ce qui pourrait faire drame pour nous enchanter en continu.

On notera la présence à l’écran du fameux chorégraphe Jack Cole, inventeur de la danse jazz, qui à chacune de ses apparitions ajoute encore en grâce et drôlerie à un film qui n’en manque pas. Qui mieux que lui pour incarner l’expression « s’en sortir par une pirouette ».

Sébastien Bourdon

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