« Pénélope, mon amour » de Claire Doyon

Pénélope est une enfant de l’amour, attendue, désirée, chérie. Elle est ravissante, délicieuse. Et puis, l’été de ses deux ans, d’abord imperceptiblement, quelque chose se dérègle. Elle cesse d’être comme les autres.

Commence une valse médicale, et au dernier pas de la danse entre les services tombe un diagnostic : Pénélope est autiste. Les parents sont KO debout. Comment est-ce qu’une telle chose a pu nous arriver ?

De cet événement aussi terrible que tristement banal, la réalisatrice a décidé de faire le combat de sa vie - quand bien même le film débute et se conclut sur un renoncement : le départ prochain de Pénélope pour un institut.

Mais cette bataille douloureuse aux résultats mitigés trouve un ressort supplémentaire dans le fait de la filmer : c’est un documentaire certes, mais aussi une œuvre de cinéma.

Parce que ce moyen qu’elle a trouvé de se sauver elle-même d’un état d’appréhension et de désespoir se révèle œuvre d’art : elle filme Pénélope, y ajoute en voix off une narration qui complète les images, mode opératoire qui permet d’exprimer l’indicible (colère, désespoir, abattement, amour) sans empêcher le rappel au renouvellement continu de la beauté du monde.

Il n’y a aucun espoir, il faut faire le deuil de cette enfant ont dit les médecins. Une telle assertion est irrecevable et la caméra se fait outil de résistance poétique.

Sébastien Bourdon