« Les Choses qu’on Dit, les Choses qu’on Fait » d’Emmanuel Mouret

Emmanuel Mouret n’aime filmer que la valse à mille temps des sentiments, ne goûte rien tant que le marivaudage. Une fois de plus Cupidon est donc de la partie, mais il est artichaut, ne cessant de sauter d’un cœur à l’autre.

Ici personne ne semble savoir s’attarder sur cœur et un corps enfin pris, et avec une sincérité désarmante trompe et trahit, n’ayant pour excuse absolutoire que l’intensité du sentiment (que ne freine jamais la culpabilité).

Dans une succession de saynètes, tout le monde se croise, se connaît, se rencontre ou se retrouve. Ces surgissements de caractères rappellent invariablement que le cœur a ses raisons que la raison ignore et chacun de produire ses meilleurs efforts pour se faire, c’est selon, du bien ou du mal, et le plus souvent simultanément.

On vit les choses a posteriori puisque ce qui se passe sur l’écran est supposé nous être raconté par deux des protagonistes, un qui voudrait écrire (Niels Schneider) et l’autre qui aime les histoires (Camélia Jordana).

Cette capacité peu probable à revivre des sentiments et des désirs nouveaux aussi systématiquement n’est guère crédible, mais donne parfois de jolis moments de fiction, d’autant que c’est fort bien écrit.

Le film touche un peu ses limites en ce qu’il est archétypal d’une certaine tendance du cinéma français nombriliste, mais l’élégance de la mise en scène et la cruauté de certaines situations ne privent pas de charme l’ensemble.

On pourrait renommer l’œuvre « de l’importance d’être inconstant » et on lui fera tout de même grief de manquer un peu d’humour, et ce d’autant qu’Emmanuel Mouret sait d’ordinaire fort bien le manier.

Sébastien Bourdon