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« L’été Dernier » de Catherine Breillat

samedi 23 septembre 2023, par Sébastien Bourdon

Le Bal de l’actrice

Anne (Léa Drucker), avocate spécialisée dans la protection de l’enfance, est mariée de longue date à Pierre (Olivier Rabourdin). Ils vivent dans une grande propriété, probablement à bonne distance de la capitale, tant cette existence transpire une vie provinciale cossue. Anne ne quitte jamais ses talons aiguilles et ses robes cintrées et ajustées, avec toujours un verre de Chablis à la main, quand Pierre carburerait plutôt au whisky japonais (cette prégnance de l’alcool sans ivresse, on se croirait dans « Dallas », et pour cause, c’est un univers impitoyable).

Le couple a adopté deux charmantes petites jumelles, que leur agitation naturelle et capricieuse ramène régulièrement à l’écran. Pierre a un enfant d’un premier lit, Théo (Samuel Kirchner), 16 ans, ado forcément perturbé, que le comportement borderline amène à intégrer un foyer paternel que rien ne semblait pouvoir ébranler : une « famille » au sens on ne peut plus bourgeois du terme.

Évidemment, son irruption commencera par déclencher de légitimes tensions (spoiler : il est à baffer) puis déclenchera un trouble inattendu (et pour cause, il est à baffer - bis) chez la sémillante quinquagénaire qui ne tardera pas à franchir le pas et à en faire son amant.

Qu’est-ce qui fait qu’ici rien ne tient ni ne fonctionne, c’est difficile à franchement déterminer si ce n’est une évidence : les situations décrites sont pour l’essentiel gênantes et incongrues.

Si le moteur de tous ces cris et chuchotements c’est la pulsion érotique encore faudrait-il qu’on la ressente et parmi les nombreuses choses ratées du film, les scènes de sexe en sont la forme la plus aboutie. Le ridicule ne tue pas, en tout cas pas les acteurs (qui sont d’ailleurs tous remarquables, ce qui est un comble).

Le film est grippé à tous les étages de la riche demeure, additionnant des péripéties dénuées d’une once de crédibilité. Ce qui pourrait être acceptable ou compréhensible si le texte nous y aidait, mais si verbeux soit-il, le film ne nous donne pas de clés de lecture recevables.

Surnage de ce désastre qu’on aurait pu écourter pour aller au restaurant - si on n’avait pas déjà dîné - une décidément impeccable Léa Drucker, opaque et troublante, sous une armure de flanelle et de soie.

Sébastien Bourdon

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