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« Close » de Lukas Dhont

dimanche 13 novembre 2022, par Sébastien Bourdon

Boys don’t cry

Rémi (Gustav de Wael) et Léo (Eden Dambrine) arrivent aux portes de l’adolescence mais cultivent une amitié forte encore très ancrée dans les jeux et l’enfance. Ils sont jeunes, ils sont beaux, c’est la fin de l’été, ils courent dans les champs de fleurs armés d’une épée de bois.

Leur affection est très forte, physique même, mais le réalisateur a le bon goût de ne pas s’appesantir sur une éventuelle ambiguïté des sentiments. L’enfance est un âge complexe et ils ont bien droit de s’aimer comme ils le veulent, on verra ce que ça donnera plus tard, et quand bien même, quelle importance.

Las, un jour, à l’épreuve de la collectivité scolaire, quelque chose se brise, et Léo prend ses distances avec son ami. Celui-ci en souffre alors sans mesure, l’immaturité émotionnelle débordant de toutes parts, entre affrontement physique et crise de larmes.

Cet excès mène au drame, et il appartiendra alors à Léo de refaire le chemin pour le comprendre et se réconcilier avec les autres comme avec lui-même.

Le sujet reste grave, mais Lukas Dhont se frotte ici à une histoire moins complexe que dans son précédent opus - le très réussi - « Girl » (2018). L’enfant n’a ici pas de doute sur son identité, mais il va devoir compter avec cette expérience douloureuse dans sa construction.

Comme dans « Girl », on retrouve le sens du cadre et de la direction d’acteurs, mais aussi une certaine manière de filmer l’effort physique : on est passé de la danse classique au hockey sur glace avec la même grâce et la même intensité. Dhont s’intéresse au corps en mouvement, à la brutalité de l’effort, quand bien même on ferait des entrechats ou bien l’on patinerait avec élégance. Dans les deux cas, ce sont des corps contraints : un garçon qui voudrait être une fille et un garçon engoncé dans un lourd équipement de hockey, le faisant plus mâle qu’il ne l’est réellement.

Ces séances de sport sont alternées de plages contemplatives et mélancoliques sous une lumière idyllique. Cela fait courir le risque, face à tant de joliesse, de tenir le spectateur à distance du drame qui se joue, la justesse de l’écriture étant un peu phagocytée par l’esthétisme léché.

Sébastien Bourdon

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