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MEMM - Alice Barraud et Raphaël de Pressigny - Espace 1789, le 2 février 2024

dimanche 4 février 2024, par Sébastien Bourdon

The Day the Music Died

Circassienne de son état, voltigeuse de métier, Alice Barraud s’est un soir de novembre parisien trouvée au Mauvais Endroit au Mauvais Moment (« MEMM », le titre du spectacle étant l’acronyme de l’expression).

En ce vendredi de sinistre mémoire, elle a pris en terrasse une balle dans l’épaule gauche, la condamnant à une spirale de douleurs et d’effrois pour de longues années à venir. Ce spectacle est l’histoire de sa reconstruction, mentale et physique.

L’exercice de la critique est ici assez délicat. Comment conserver un semblant d’objectivité face à une histoire qui nous touche nécessairement au plus profond tant ce vendredi 13 novembre nous marqua effroyablement. Tout ce qui y est lié déclenche invariablement une irrépressible émotion, faite de rage et de désespoir.

Il y a donc là un effort à faire pour livrer une appréciation sincère de la prestation, ne serait-ce que parce que le fond est inattaquable. Reste donc la forme, qu’il nous appartient alors de décrire.

Le dispositif scénique est relativement minimaliste, réduit à quelques éléments de décor dont le principal est évidemment un lit d’hôpital.

La jeune artiste n’est pas seule en scène, puisqu’elle est accompagnée du batteur et multi-instrumentiste Raphaël de Pressigny (du groupe Feu Chatterton). Et c’est peut-être de l’exceptionnelle musicalité de ce garçon que tire sa plus grande force ce spectacle.

Car, à choisir, entre les paroles et la musique, on retiendra plutôt la dernière, finalement infiniment plus évocatrice. Lorsqu’elle accompagne avec précision et délicatesse les mouvements de l’acrobate, le spectacle est d’une grâce exceptionnelle (et ponctuellement burlesque, et d’une manière toute aussi accomplie).

En revanche, les interventions descriptives souffrent d’une écriture maladroite et sans grande finesse. C’est d’autant plus regrettable que raconter cette histoire sans paroles, au regard de la qualité et des compétences des protagonistes, eut été largement suffisant, et probablement pas moins émouvant.

Ce joli spectacle pêche donc quelque peu par un souci de didactisme superfétatoire, même si lui permettant de toucher ainsi un plus grand auditoire, ce qui n’est pas forcément un mal.

Sébastien Bourdon

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