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« Les Chaises » d’Eugène Ionesco - mise en scène de Thierry Harcourt - Le Lucernaire

lundi 4 mars 2024, par Sébastien Bourdon

Savoir-vivre

Eugène Ionesco, quand on vous met ça dans les pattes au collège ou au lycée, autant dire que l’expression, n’être pas prêt, est le plus souvent de circonstance. Heureux ceux qui ont bénéficié des lumières d’un prof de français capable de vous ouvrir au théâtre de l’absurde.

Néanmoins, la première et principale porte d’entrée est peut-être cette absence d’esprit de sérieux, car, quand bien même Ionesco nous plonge au tréfonds de l’absurdité de nos vies, il n’oublie pas d’être drôle. Et c’est évidemment plus flagrant lors d’une représentation qu’à la seule lecture d’une pièce.

Ici, un couple, seuls en scène comme ils le seraient au monde, s’exprime dans un certain désordre, entre excitation et désespoir.

Sous le brouhaha de leur conversation se dessine le réel, ainsi du souci constant de l’apparence de ce couple bourgeois. Cela en devient une chose comique cette femme qui ne cesse de dire de son époux qui est seulement « maréchal des logis » qu’il aurait pu être « journaliste chef », « général chef », voire « empereur chef »…

Ils s’empressent, s’agitent, dans la perspective de la visite d’un fameux orateur (de qui, de quoi, on ne sait), et c’est toute l’impatience de la upper-middle class à recevoir qui se joue sur la scène. De plus en plus de gens importants arrivent, et il faut alors de plus en plus de chaises.

Cette nécessité du paraître par dessus tout le reste, ce délire social jusqu’au déraillement continu dessine en creux l’absurdité de la vie et combien il est insensé chez certains de ne pas le reconnaître à de telles extrémités.

Il faut une sacrée compétence pour jouer cette folie avec ce qu’il faut d’excès sans noyer le propos. Le couple de comédiens - Frédérique Tirmont et Bernard Crombey - se donne sans compter à ce délire, nous embarquant pour à peine plus d’une heure d’une fascinante promenade névrotique.

Sébastien Bourdon

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