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« Carmen. » de François Gremaud - Espace 1789, le 17 novembre 2022

samedi 18 novembre 2023, par Sébastien Bourdon

Vive les Femmes

Pour clore son triptyque sur les héroïnes tragiques, le metteur en scène François Gremaud s’attaque à « Carmen », telle qu’inventée par Prosper Mérimée et mise en musique par Georges Bizet.

Le dispositif scénique est similaire aux deux spectacles précédents du talentueux suisse (« Gisèle… » et « Phèdre ! »), et donc parfaitement minimaliste : la scène, vide à l’exception de deux chaises, un éclairage blanc illumine les lieux, sans laisser d’ombre au tableau.

Au fond, cinq merveilleuses musiciennes (flûte, violon, accordéon, harpe et saxophone), et devant la chanteuse et narratrice, la soprano Rosemary Standley.

On croit tout savoir de « Carmen », mais on en connaît surtout les airs (et pas forcément la mélodie). Cette passionnante relecture de l’œuvre relève alors d’une expérience didactique qui ne ferait pas l’impasse sur l’humour et la beauté.

On nous met en situation par la seule force de la parole et de la musique : « nous sommes le mercredi 3 mars 1875 à l’Opéra-Comique, à Paris, dans cette salle qu’on appelle la seconde salle Favart - 37 ans après l’incendie de la première et 17 ans avant que celle-ci ne brûle à son tour - ce qui nous laisse quand même un peu de temps ».

De là, et avec le sourire, la narratrice nous glisse éléments de contexte et anecdotes, sans oublier de nous plonger dans l’histoire tragique de cette femme belle et rebelle (ce qui est toujours mieux que moche et re-moche, comme le dit ma sœur).

Portée par des arrangements musicaux admirables (Luca Antignani), l’exceptionnelle interprète va, durant près de deux heures, être littéralement au four et au moulin, avec une impressionnante décontraction, comme si elle n’était là que pour deviser agréablement avec nous.

À l’écouter nous conter cette histoire et de cette manière (« façon de comédienne-chanteuse »), il y a comme une familiarité retrouvée avec ces disques qui ont accompagné tant d’enfants dans et vers la musique, de « Pierre et le Loup » (Prokofiev) à « Piccolo, Saxo et Compagnie » (Broussolle et Popp).

Simplement, les questionnements adultes sont ici plus prégnants sous le décorum de l’Opera-Comique, s’agissant de liberté, d’amour et de mort violente. Mais le tout en musique, et c’est bien là l’essentiel.

Sébastien Bourdon

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