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Man On Man - le Super Sonic, Paris, le 4 décembre 2023

mardi 5 décembre 2023, par Sébastien Bourdon

“It’s so Fun to be Gay” (apparently)

Man On Man est le dernier projet en date du clavier fondateur du plus grand groupe du monde (et je pèse mes mots), Faith No More. Le concept est réduit, puisqu’il est ici seulement épaulé de son compagnon dans la vie, Joey Holman. Ils se sont lancés là-dedans pendant la traversée d’une période douloureuse et recluse, la fameuse pandémie, durant laquelle ils ont et frappés par le décès et la maladie de leurs mères respectives.

En est sorti un premier album lumineux en 2021, très gay (assumé et revendiqué), très drôle, très frais et subtilement mélancolique. Des guitares âpres soutenues par des rythmes épurés, sur lesquels s’enflamment des claviers colorés. Les deux hommes se partagent le micro de leurs voix discrètes, scandant des textes qui deviennent des mélodies addictives.

2023 a vu paraître un deuxième opus - « Provincetown », du nom d’un bled de Cape Cod très prisé de la communauté gay. Plus sophistiqué et complexe, moins immédiat d’accès, le disque n’en reste pas moins une bande-son estivale idéale et de bon ton (et c’est exactement à cela qu’il a servi).

Bar de Bastille pourvu d’une scène visible de la rue, le Super Sonic fera donc écrin ce soir aux deux garçons. Lorsque l’on a vu si souvent Roddy Bottum sur des scènes autrement plus impressionnantes, du Zénith au Hellfest, le voir installer avec son compagnon leur matos réduit à sa plus simple expression (deux guitares, une pour chacun, un clavier, juste pour lui) produit un effet aussi enthousiasmant qu’étrange.

C’est la dernière date de la tournée, ils sont heureux d’être là, à Paris, un bisou et c’est parti.

Si l’on connaissait bien Roddy, on découvre Joey, qui est tout aussi drôle et charismatique que son compagnon et par ailleurs précis dans son jeu. On peut revendiquer beaucoup de légèreté et ne pas laisser sa guitare gentiment pleurer. On joue donc juste, et on sent le duo très affûté par sa longue promenade européenne.

Chaque titre trouve une énergie différente durant le concert, rien ne se perd, mais se recrée et se transforme subtilement. Tellement enchantés d’être dans la capitale française, et puisque la tournée est terminée, Man On Man ne rentre pas à New York.

Une petite heure et c’est plié, un concert tardif pour un lundi soir de décembre qui a pris des allures de Massachusetts au cœur de l’été.

PS : au début de l’été 1992, Faith No More sortait « Angel Dust », probablement ce qui allait devenir le disque le plus essentiel de la décennie. Du jour où il fut acquis, on se souvient du temps qu’il faisait, de ce qu’on a mangé et avec qui, et même du bruit qu’a fait le blister autour du CD quand on l’a arraché, comme étant déjà de la musique. A la question « qu’avez-vous fait des années 90 », on pourrait répondre : voir et écouter Faith No More.

C’est cet exact même disque que l’on a tendu à Roddy Bottum à l’issue du concert, en lui racontant tout ça et d’autres choses encore sur sa musique et combien elle a toujours compté. Rarement a-t-on cueilli en sortant de scène un homme aussi délicat et courtois. Il est vrai qu’on avait des choses agréables à lui dire, mais de son ton et de son écoute ne ressortait jamais la moindre lassitude, heureux qu’il est, tout juste sexagénaire, de se produire toujours et de nous enchanter encore.

Sébastien Bourdon

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