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Time flies

jeudi 26 novembre 2009, par Sébastien Bourdon

A un moment, mon fils aîné s’est écrié « Papa, une librairie ! », son frère a enchéri en disant « oh oui, une librairie ! ». Ils se précipitent, je leur emboîte le pas et nous arrivons devant un magasin sur le frontispice duquel est effectivement bien écrit « Librairie », mais... c’est une boutique de fringues. Déception des enfants face à ce qui leur a légitimement semblé être une escroquerie.

Plus tard, en sortant d’un autre magasin, je vois écrit « Boulangerie » en face, je m’avance, pensant pouvoir acquérir du pain. En réalité, cette promesse à base de farine et d’eau était encore un magasin de tissus cousus ensemble pour très cher. En fait, il n’y a que ça, des nippes, des frusques, de la sape, des fringues... A-t-on réellement besoin d’autant de vêtements ?

La déprime : le Marais, c’est tout simplement un quartier en voie de devenir totalement nul. Tout au long de l’heure passée sur place, je n’ai pas aperçu ne serait-ce qu’une personne qui ne se la joue pas. Chargés de paquets chics et chers, les gens arpentent le trottoir en toutes langues, arborant un look chatoyant, clairement travaillé de longue date, et ce avec force devises occidentales. Tout le monde a l’air très content de soi dans ces rues moyenâgeuses où du temps passé il ne reste que des symboles (et les Archives Nationales), noyés sous l’argent.

En ces lieux, j’ai croisé un clochard que l’on aurait cru sorti d’un film de Sam Raimi. Il était extrêmement voûté et l’on ne distinguait pas son visage, comme enterré dans sa barbe et ses cheveux gris et sales. Il avançait lentement, en traînant les pieds l’un après l’autre. Personne ne semblait le voir, lorsqu’il est arrivé vers moi, j’ai imaginé qu’il allait m’agripper l’épaule pour me chuchoter à l’oreille le secret des enfers. J’ai quitté ce quartier totalement déprimé.

C’était donc la minute de l’ultra-gauche du chroniqueur (copyright Michèle Alliot-Marie).

Pour survivre à de genre de déprime,

il reste la culture n’est-ce pas. Je recommande donc vivement à ceux à qui ça ne fait pas peur l’écoute du dernier Slayer, World Painted Blood. Ne serait-ce que parce que Tom Araya n’a jamais aussi bien chanté (j’assume totalement le choix pour certains discutable du verbe « chanter »).

Pourquoi le metal ? Parce que ça me ramène à la réalité du monde en la sublimant. Cela me procure une sensation mélangée d’intensité et d’apaisement à laquelle je suis totalement dépendant. Et puis la colère est un sentiment légitime qu’il est bon de conserver en soi pour faire face à l’absurdité des jours.

Sinon, pour se remémorer la vigueur de nos jeunes années, le Live at Reading de Nirvana est parfait. A l’écoute ou à la vision, on reste impressionné par la qualité des titres. Nirvana, c’était avant tout de grandes chansons. Il paraît qu’en 1992, il fallait être à Vincennes pour les Guns n’ Roses puis à Reading pour Nirvana (lu dans le dernier Rock n’ Folk). Votre serviteur était au premier, mais il remercie le journaliste de cette information, bien que 17 ans après, il ne doute toujours pas de ce que, effectivement, il fallait y être.

Pour plus de douceur, mais pas moins de vigueur, je me réfugie dans The Incident de Porcupine Tree (en plus, c’est un double album). Je ne décroche pas de ce disque qui ferait hurler les puristes d’un rock indé qui auraient souhaité que les clous enfoncés par les punks dans la tombe du rock pompier des 70’s ne rouillent jamais. C’est du progressif, du vrai, le 1er disque est ainsi d’une seule pièce, une seule histoire découpée en plusieurs chapitres où les influences floydiennes sont parfois criantes (mais j’aime bien quand ça crie).

Enfin, l’automne-hiver 2009 est aux supers groupes : Shrinebuilder pour le doom (membres de Saint-Vitus, des Melvins, de Neurosis...) et Them Crooked Vultures pour le stoner (Dave Grohl de Nirvana et Foo Fighters, Josh Homme de Kyuss et des Queens Of The Stone Age et John Paul Jones de Led Zeppelin). Le mélomane se frotte les mains et s’échauffe les oreilles à l’idée de tels castings. On pourrait être déçu et ce qui est beau, c’est qu’on ne l’est pas. Shrinebuilder sonne comme la synthèse de ses membres (et est donc essentiel) et Them Crooked Vultures ressort comme le meilleur album de Josh Homme depuis Songs for the Deaf. Donc, je suis content.

Tiens, j’ai terminé sur une note plus heureuse.

Sébastien

P.S. à base de dessins et de bulles :

les auteurs de l’ouvrage dessiné sur Motörhead invoquent dans la préface le fait que les anglais ont le rock n’ roll, les français la bande dessinée. C’est pas idiot et ce n’est peut-être pas faux. Blast de Manu Larcenet est un pur chef d’œuvre esthétique et sociologique. En plus, c’est un pavé (dans la mare).

Et puis, si on ne croit que l’on puisse philosopher en bandes dessinées, le dernier Joann Sfar L’ancien temps : le Roi n’embrasse pas devrait joyeusement vous en convaincre.

Enfin, même si je suis l’ennemi de la littérature (et de la musique) sur le pas grand-chose de tous les jours, je voue un culte déférent à Lewis Trondheim pour sa série sur lui-même appelée Les Petits Riens dont le dernier tome, Mon Ombre Au Loin, est comme d’habitude hilarant (et beau).

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