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The Black Crowes, l’Olympia, le 5 octobre 2022

vendredi 7 octobre 2022, par Sébastien Bourdon

Time Has Told

En entrant dans la salle, on découvre un groupe - DeWolff - dont le set s’achève. Un trio sympathique (orgue, guitare, batterie) qui entame un solo de guitare, qui enchaîne avec un solo de batterie pour se réunir dans une coda qui n’en finit pas. Bref, on a déjà vu tout ça, vivement les choses sérieuses.

Ce serait faire un injuste procès aux Black Crowes que de les accuser de n’avoir jamais fait que recycler des recettes musicales éculées. Ce serait en effet oublier que le groupe a su, et c’est rare, échapper à la vulgarité qui suinte de la musique noire pour amuser les blancs.

Adoubés par les anciens, Jimmy Page en tête, lancés par les modernes (de l’époque, le label Def Jam), les Black Crowes, sous les riches influences croisées et rafraîchies de Robert Johnson, d’Otis Redding, de Led Zeppelin et de Lynyrd Skynyrd, ont tracé leur route, avec ce qu’il fallait de sexe, de drogue de pierre qui roule. Et puis quelques incidents de parcours, des ruptures, des disques moyens, qui ont fait qu’on a fini par s’y intéresser de loin en loin.

Mais ce soir, on recommence du début, par l’interprétation de leur premier album, celui qui les révéla au monde, « Shake Your Moneymaker » (1990). De l’équipe de pistoleros fondatrice ne restent que les frères Robinson qui, dans la grande tradition rock des toxic twins, entre deux fâcheries familiales, se retrouvent pour jouer un répertoire indéniablement solide. Solides, eux-mêmes le sont restés, avec une mention pour Chris qui nous a tous proprement sidérés avec sa voix et son enthousiasme intacts (56 ans tout de même) : aussi charmeur et exubérant que Rich, son guitariste de frère est hiératique et précis.

Le reste du groupe a le look cowboy hippie ad hoc (à l’exception des choristes, qui entre deux suaves saillies, agitent gracieusement leurs robes à paillettes), comme s’ils avaient été là depuis le début. La musique est terriblement en place, assez loin de l’ambiance des concerts de l’époque où des jams foutraques émaillaient leurs shows, mais on ne va pas se plaindre de cette restitution fidèle et chaleureuse.

Le bémol serait peut-être cette mode un peu gonflante de jouer des albums dans leur entièreté, si bons soient-ils. S’agissant de nos corbeaux, on se permettra de penser que leur deux albums suivants sont infiniment meilleurs, plus riches et denses. L’interprétation de certains extraits de ces albums a d’ailleurs largement donné au concert une saveur supplémentaire (« Sting Me », « No Speak No Slave » et l’inévitable « Remedy », morceau fort bien placé dans la course au titre de « plus belle chanson au monde »).

Comme nous l’a expliqué Rich Robinson, il s’agissait de faire d’un mercredi soir à Paris un dimanche matin à Atlanta, Georgia, et ce fut presque comme si on y était.

« Wake me when the day break
Show me how the sun shine
Tell me about your heartache
Who could be so unkind ? 
 »

Sébastien Bourdon

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