Accueil > Francais > Musique > Regarde les Hommes Tomber + Behemoth - Philharmonie de Paris, le 30 avril 2024

Regarde les Hommes Tomber + Behemoth - Philharmonie de Paris, le 30 avril 2024

mercredi 1er mai 2024, par Sébastien Bourdon

A Night at the Opéra

La Philharmonie va être sacrément décoiffée ce soir, ça tombe bien les chevelus sont en nombre.

En effet, qui l’eut cru, les gueux ont pris la citadelle, ils fondent en masse vers le château d’argent, ce soir il sera conquis.

Ceci posé, le prix du merchandising de Behemoth laisse à penser qu’en traversant le périphérique, les manants se sont bien enrichis (jusqu’à 65 Euros pour le vinyle de cette merveille qu’est « The Satanist »).

Regarde les Hommes Tomber, avec une brutalité des âges farouches, ouvre le bal.

Le groupe français, entraîné par un batteur à son aise sur tous les tempos (Romain Richard), pose les fondations d’un tunnel de son qui descend probablement directement chercher Chtulhu au fin fond des entrailles terrestres.

Y a-t-il meilleure musique pour accompagner l’état du monde et l’anxiété qui l’accompagne ? Probablement pas, ici on brûle les derniers feux du monde civilisé, et cela ne se fera que dans le chaos et le cri.

Clairement ce premier set achevé, le constat est fait que la Philharmonie a prévu trop petit pour l’approvisionnement en bière des hordes en tee-shirts noirs. C’est tout juste si on n’a pas manqué le début de la deuxième partie.

Behemoth boxe dans une autre catégorie, ce qui a un son charme. Ultra violence certes, mais avec de jolies lumières et des maquillages léchés.

En terme de messe noire (et blanche), les polonais sont à leur affaire, ça fait un moment qu’ils affûtent leur brutalité (1991). Mais pour peu qu’on apprécie un peu de fraîcheur et de rugosité, l’enchaînement des titres impeccablement exécutés et invariablement écrasants finit par effleurer la possibilité de lassitude.

Heureusement, alors que l’issue approche, Behemoth diversifie le propos, sans perdre de son caractère martial.

Le final est dantesque, Satan est de toutes les notes, et c’est la clameur d’une foule en délire qui salue son avènement, sous une pluie de confettis noirs (forcément).

Nous abandonnons les lieux à leur destination d’origine, faut pas déconner non plus, vendredi il y a une « nuit flamenca » et lundi du Beethoven avec l’orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä.

Sébastien Bourdon