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Goodbye Mr. Wagner

mardi 24 août 2021, par Sébastien Bourdon

Eric Wagner n’aura pas passé l’été. Frappé par la petite maladie à la mode, il aura probablement aussi payé cher une hygiène de vie toute relative, celle que l’on doit au rock n’roll.

Ce nom ne dit probablement pas grand-chose à beaucoup de monde, il n’en demeure pas moins que pour certains il veut dire beaucoup. Ledit Wagner exerça en effet ses talents de chanteur au sein de Trouble, groupe mythique d’une certaine scène métallique très indépendante, celle du doom metal. Ce combo venu d’Aurora (Illinois) et monté en 1979 fut de ceux qui annoncèrent une nouvelle ère du genre, en revenant notamment aux fondamentaux énoncés Black Sabbath.

Pour notre part, c’est dans une compil’ qu’on a découvert Trouble, celle publiée par le label de Rick Rubin, Def Jam. Cette signature sur ce label prestigieux constitua probablement un des rares moments d’une carrière en dents de scie le plus souvent émoussées où le groupe a approché de près la première division, mais n’est finalement resté qu’éternellement en seconde (ils ne sortiront qu’un album dans cette écurie, le magnifique « Manic Frustration » en 1997).

J’exhume aujourd’hui en hommage au défunt vocaliste une chronique – jamais publiée - de leur concert au Nouveau Casino le 31 mai 2007. C’est donc moi, mais en plus jeune, il faudra donc pardonner. Précision : la photo date dudit soir et fut également prise par mes soins.

1er juin 2007- « I hear music all around me » :

On sort du métro bondé sous une détestable pluie fine (« Baby, rain must fall, blue skies are clear in her eyes »), pour remonter la rue Oberkampf d’un quartier qui semble marqué d’une branchitude déjà ancienne et entrer finalement dans une salle - Le Nouveau Casino - accomplir un rêve ancien, voir Trouble.

A peine entré on tombe immédiatement sur Eric Wagner lui-même, chanteur dudit groupe. Fan un peu béat, on lui tend son billet, lui sert la main, bafouillant que « ça fait au moins dix ans qu’on vous attend ici etc.  ». Il confirme, dit que lui aussi, n’ayant jamais joué ici, il est très content, signe en souriant nos places.

La salle se remplit de trentenaires (ndla : âge de l’auteur de ces lignes à l’époque et ça lui semblait vieux) qui ont vu Tool à l’Elysée Montmartre (tournée « Aenima »), Cathedral à l’Arapaho, Mike Patton sous toutes ses formes et Down l’année dernière. Des gens qui sont ou devraient être nos amis depuis 15 ans, mais il n’est jamais trop tard.

Les lumières s’éteignent, la voix de Lennon retentit dans les enceintes : « I am The Walrus ». Le groupe entre sur scène. Ce groupe de soudards tout droit sortis du film « Almost Famous » de Cameron Crowe (2000) va nous asséner une leçon de doom. Ils fourraillent des riffs impeccables, des solis jusqu’aux étoiles pendant qu’un Wagner embrumé (ndla : il n’avait pas bu que de l’ice tea au bar) mais impérial, esquisse des gestes de goéland rigolard en chantant impeccablement dans ses différents registres (« Memory’s Garden »).

On finit progressivement tous devant à danser et à taper dans les mains du Wagner qui a définitivement l’air de nous trouver tous très sympathiques (particulièrement les filles, mais comment lui en vouloir).

Deux rappels, on sort, une crêpe au sucre, on s’embrasse et on rentre se coucher, extatiques (« Will I dream of good times, only love in our minds »).

Sébastien Bourdon

P.S. : « Down below the ocean, where I wanna be, she may be »

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