Moi Charlotte, toi Jane
A quel moment un film de famille devient du cinéma, peut-être presque immédiatement lorsqu’il s’agit de filmer, voire de mettre en scène, des gens tant habitués aux sirènes de la célébrité que leur seule présence à l’image nous écarte définitivement du banal. Rien n’est anodin chez ces gens, et depuis si longtemps.
Pourtant Charlotte Gainsbourg ne cède pas à cette facilité, elle va au-delà des trompettes de la renommée pour chercher avec sa caméra l’anecdotique (...)
Cinéma
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« Jane par Charlotte » de Charlotte Gainsbourg
3 février 2022, par Sébastien Bourdon -
« Ouistreham » d’Emmanuel Carrère
26 janvier 2022, par Sébastien BourdonRester à Quai
L’exercice était nécessairement périlleux : un écrivain renommé - Emmanuel Carrère - adapte pour le cinéma un ouvrage à succès d’une journaliste non moins célèbre - Florence Aubenas.
Pour ceux qui l’auraient oublié, ladite Aubenas s’était faite passer pendant plusieurs mois pour une chômeuse en perte de droits, désespérant de trouver des contrats de travail à temps très partiel, pour témoigner au plus près de la réalité de la précarité qui frappe nombre de nos (...) -
« Licorice Pizza » de Paul Thomas Anderson
22 janvier 2022, par Sébastien BourdonMuch Ado About Nothing
Paul Thomas Anderson se regarde filmer et il semble que cela plaise. Pourtant, on a beau immanquablement essayer, on n’y arrive point : il nous apparaît comme un cinéaste talentueux qui, sous un vernis impeccablement appliqué, fait surtout des films sans intérêt (quand ils ne sont pas franchement déplaisants, comme « Phantom Thread » - 2018).
Le phénomène était particulièrement prégnant avec « There Will Be Blood » (2007) où la volonté acharnée de produire des (...) -
« En Quatrième Vitesse » de Robert Aldrich (1955)
19 janvier 2022, par Sébastien BourdonMike Hammer (Ralph Meeker) erre dans une ville vide, il ne cesse d’ouvrir des portes, de monter et descendre des escaliers, qui ne révèlent que des voies sans issues.
Il n’y a aucune connexion entre les lieux, ce qui compte, comme au théâtre, c’est l’immédiateté du moment, de la scène, il n’y a rien derrière le décor.
On est d’ailleurs plongé dans cette évidence dès l’ouverture du film : la nuit, les pieds nus d’une femme qui court sur une autoroute qui ne mène nulle part. Intensité de (...) -
« Tromperie » d’Arnaud Desplechin
10 janvier 2022, par Sébastien BourdonPerversité du Verbe
Philip est un écrivain juif américain, exilé à Londres (Denis Podalydès). Voilà un homme qui a réussi dans son art, qui vit confortablement, mais que la quête de l’écriture ne cesse d’habiter. Tout tourne autour de cela et ses relations amoureuses en constituent l’indiscutable ferment.
Terriblement littéraire, le film se divise logiquement en chapitres. Si son aventure avec une jeune femme mariée (Léa Seydoux) constitue le point d’ancrage, d’autres femmes pour (...) -
La Femme qui Ecrit (Vicky Krieps)
8 janvier 2022, par Sébastien BourdonC’est comme serveuse dans un Bed & Breakfast que l’on a vu pour la première fois apparaître Vicky Krieps à l’écran : l’air de ne pas y toucher, sourire énigmatique, une discrétion telle qu’elle prend toute la place, qu’elle fait présence immédiate (« Phantom Thread » de Paul Thomas Anderson - 2017).
La même actrice a récemment semblé plus encore déborder la simple interprétation de rôles. Elle s’est trouvée par deux fois en position d’intrinsèquement interroger le processus même de (...) -
« E stata la Mano di Dio » de Paolo Sorrentino
3 janvier 2022, par Sébastien BourdonVivre à Naples et Partir
À Naples, dans les années 80, un adolescent s’éveille à l’amour et au cinéma, dans le contexte douloureux d’un trauma familial. Au hasard de ses rencontres et des événements, le jeune Fabietto (Filippo Scotti) va se décider un avenir.
Paolo Sorrentino est un cinéaste intéressant mais inégal, il est ainsi souvent aussi bien porté que trahi par ses audaces visuelles et narratives (à choisir, plutôt « La Grande Bellezza » que « Youth » donc).
C’est ainsi que le (...) -
« Un Héros » d’Asghar Farhadi
26 décembre 2021, par Sébastien BourdonLa Vérité Nue
En Iran, un homme emprisonné pour dettes (Amir Jadidi) bénéficie de deux jours de sortie. C’est un gars sans grande envergure, mais avec de l’espoir et du cœur. Alors que cette trouvaille inopinée pourrait le tirer d’affaire, après quelques tergiversations, il renonce finalement à vendre un sac de pièces d’or trouvé par sa nouvelle compagne, le restitue à sa propriétaire et est alors érigé en héros national.
Cette dernière péripétie s’explique beaucoup par la volonté (...) -
« La Pièce Rapportée » d’Antonin Peretjatko
12 décembre 2021, par Sébastien BourdonEat the Rich
Le cinéma d’Antonin Peretjatko a jusqu’alors été très joyeusement foutraque. Ses scénarios ressemblent à des fuites salutaires dans un monde absurde, pour des virées pas moins délirantes (« La Fille du 14 Juillet » - 2013, « La Loi de la Jungle » - 2016). Du fait de décisions gouvernementales ou sociétales insensées (réduction des vacances, construction d’une piste de ski dans la jungle guyanaise) des personnages décalés prennent la route et en chemin s’adaptent avec une (...) -
« Compartiment 6 » de Juho Kuosmanen
1er décembre 2021, par Sébastien BourdonEn route pour la joie
« La vie privée est boiteuse pour tout le monde. Les films sont plus harmonieux que la vie. Il n’y a pas d’embouteillages dans les films, pas de temps mort. Les films avancent comme des trains dans la nuit » disait Francois Truffaut dans « La Nuit Américaine » (1973). Celui dont il est ici question poursuit justement sa trajectoire sur les rails d’un Moscou-Mourmansk. Un « road-movie » donc, mais en chemin de fer.
L’histoire est assez banale, la rencontre de deux (...)