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This is our life, this is our song

Hellfest 2013 – 21, 22 et 23 juin 2013 - Clisson

vendredi 28 juin 2013, par Sébastien Bourdon

Lors de mon premier Hellfest en 2009, après quelques minutes sur place, mon premier investissement se porta dans l’achat à bas prix d’une casquette kaki, accessoire à même de me permettre d’éviter une insolation. Force est de constater que ces dernières années, c’est plutôt le vêtement de pluie qui s’est révélé le bien indispensable à posséder sur les pelouses de Clisson, invariablement transformées en champs de gadoue par les averses diluviennes s’abattant sur le site.

Las, le cru 2013 promettait également et une fois encore d’être particulièrement humide (un peu comme toute l’année en fait !). Mais les héros ne renoncent jamais et ils ont eu raison, la situation météorologique fut loin d’être catastrophique, et n’a freiné que notre heure de départ pour le site, et encore.

Vendredi

Le premier jour étant certainement le plus léger en termes de programmation susceptible de nous plaire, nous optons pour un départ vers le site en début d’après-midi, au son du "Balls to the Wall" d’Accept, chanson impayable s’il en est. En plus, il fait même beau.

J’opte tout de suite pour un peu de shopping estampillé « Hellfest », en écoutant distraitement Europe en fond sonore sur la Mainstage. Leur musique est sympathique et riche de souvenirs (« The Final Countdown »…), mais ce n’est quand même pas complètement ma tasse de thé.

Les choses sérieuses commencent avec les vétérans du thrash, Testament. Si leur set est nettement plus consistant, l’on ne peut que déplorer un son quelque peu tourbillonnant, qui nuit un peu à l’impact de leur musique. Cet aléa climatique – encore un - n’empêchera pas notre échine de connaître ses premiers frissons du séjour à l’écoute de la lumineuse guitare d’Alex Skolnick. Une très belle mise en jambes, la fête commence et elle va se poursuivre dans un tout autre style avec le glam rock de nos héros de l’édition 2010, Twisted Sister.

Le groupe va évidemment se révéler magistral, comme toujours, à même de botter l’arrière train de nombre de groupes à la fois plus jeunes et plus beaux. Twisted « fuckin’ » Sister vit certes sur ses acquis, n’ayant rien sorti de digne depuis 1985, mais au regard de la qualité de leurs compositions et de la fraîcheur intacte du groupe, on est encore loin du naufrage. Un public conquis entame, avec une gigantesque bonne humeur, les hymnes que sont « We’re Not Gonna Take It » et autre « I Wanna Rock ». Leur concert est d’autant plus joyeux que notre participation est sollicitée à tous moments, faisant du moment une belle célébration collective. Un petit regret peut-être, si notamment Dee Snyder (chant) et Jay-Jay French (guitare) restent particulièrement affutés dans les tâches qui leurs sont dévolues, le groupe semble quand même un peu moins en place musicalement parlant.

A ce moment là de l’histoire, c’est fait, nous sommes tout à notre plaisir d’être là, sous le soleil exactement. Et ce n’est qu’un début.

Léger retour en arrière, en 1984, j’ai treize ans et je fais un voyage scolaire avec ma classe en direction des volcans d’Auvergne. Ce voyage loin du cocon familial fut bercé dans nos walkmans par « Blackout » de Scorpions et « Pyromania » de Def Leppard. De ce dernier disque, je garde un souvenir ému et notamment du morceau « Too Late For Love ». Un vieil ami et néanmoins Confrère va ici donner un éclat tout particulier à ce souvenir, puisqu’il va me fournir un sésame me permettant de rejoindre Def Leppard dans leurs loges, avant le spectacle. Encore mieux qu’un pass VIP, carrément un pass estampillé « Artistes ».

Ce petit bracelet rouge brillant, je vais l’attendre tremblant sans bouger, subissant le set de Kreator puis tentant vainement d’apprécier le concert de Whitesnake. Ces derniers, menés par un David Coverdale ressemblant de plus en plus à une vieille cannoise, gâchent quand même considérablement leur talent en se cantonnant à un bon gros rock calibré radio américaine. Cela est certes parfois plaisant avec ce joli soleil couchant. Tout le monde chante "Is This Love That I’m Feeling", le sourire aux lèvres, mais lorsque surgissent les invariables et pénibles solos, je décide qu’il est raisonnable de fuir me sustenter un peu.

Je retrouve mon camarade pistonné, passe le premier sas de contrôle qui m’amène tout droit dans le carré VIP, longtemps rêvé mais jamais fréquenté. Je n’en profiterai même pas, passant tout de suite au stade supérieur, atteignant, après pas moins de deux autres contrôles, les loges des artistes. S’il vous plaît.

A cet instant, le cerveau en ébullition, surtout se rendre compte que l’on vit un moment extraordinaire et n’en pas perdre une seule miette. Pour les néophytes, précisons tout de suite que Def Leppard est un groupe anglais né en 1978 qui a vendu la bagatelle de 65 millions d’albums dans le monde. Les loges contiennent ce soir trois invités, un ami de leur coach physique, boxeur de son état, Eric et moi. Et puis c’est tout. Je croiserai ensuite Ben Barbaud, le grand Manitou du Hellfest, venu se faire tirer le portrait avec le groupe en compagnie de son petit garçon et David Coverdale, se fendant d’une visite de courtoisie à ses compatriotes (« Is there any Leppard here ? »). Plus privilégié que moi à cette seconde précise me semble difficile.

Je suis au cœur de la machine et mis complètement à l’aise par des types parfaitement charmants (mention toute particulière au guitariste Phil Collen qui est devenu mon meilleur ami je pense). Je me sens comme accueilli par les Dieux de l’Olympe d’une manière tellement spontanée et naturelle, on bavarde, de nos enfants, du yoga (Collen préférant les haltères, on n’est d’ailleurs pas tout à fait taillés de la même manière), je raconte mon voyage en Auvergne narré un peu plus haut. Je me suis même permis de piquer une banane dans leur saladier de fruits frais (je n’ai en revanche vu ni drogue, ni groupies). Surtout, ne pas pleurer, ni s’évanouir.

Puis, toutes les cinq minutes, on nous annonce le décompte avant la montée sur scène. Quand résonne le « show in five minutes », le Tour-manager nous emmène, je grimpe l’escalier et tout à coup, placé sur le côté de la Mainstage, avec les techniciens, je vois la foule immense qui s’impatiente au son des Who diffusé par la sono. Derrière moi, Def Leppard arrive, se prépare, Phil Collen me fait un salut pouce levé et, guitare au poing saute sur la scène. Pincez-moi vous dis-je.

Après quelques chansons, on se décide d’aller regarder le concert dans la foule, on verra de plus loin, mais en plan large. Autour de moi, tous ont les yeux qui brillent, mais moi sans doute un peu plus. Le concert me convainc certes, une fois encore, de ce que ce groupe est un petit peu trop lisse pour mes oreille, mais cela n’ôte aucune magie au moment, que je chérirai jusqu’à la tombe.

On n’est évidemment pas repartis sans se dire au revoir. De retour backstage, on reprend position dans les canapés, regardant le groupe récupérer physiquement (avec plus ou moins de fraîcheur, le batteur a quand même joué tout le show avec un masque à oxygène). Au moment de partir, alors que je lui tendais la main, Phil Collen m’a spontanément serré dans ses bras, puis m’a dédicacé la set-list. Moi qui trouvais cette première journée un peu plate…

Samedi

Le lendemain, on amorce la journée sous la Valley par un retour aux fondamentaux inscrits dans le marbre sous le règne de Black Sabbath avec le doom de Witchcraft. C’est lourd, gras et sinueux, avec de chouettes montées en rythme. On oublie le froid et la pluie pour monter dans la barque psychédélique. Finalement, après quelques morceaux et, comme hier à la même heure, dehors « ça se lève » (expression bretonne généralement précédée par « ça va se lever »).

Poursuivant dans le rock n’ roll, nous retrouvons Down sur la Mainstage. Nous ne quitterons d’ailleurs plus Phil Anselmo (chant) du week-end, on le verra à peu près partout, sur les côtés de la scène, et même rejoignant nombre de ses idoles pour chanter avec eux. C’est la troisième fois que nous voyons Down au Hellfest et force est de constater que leur leader est débordant d’une énergie positive qu’il insuffle à tout le festival (qui n’en manque pourtant pas). Vedette restée fan, nous nous reconnaissons en lui et dans son souci du partage enthousiaste.

Incroyable concert, comme d’habitude, avec des morceaux comme l’incontournable « Lifer » qui commence par un riff monstrueusement groovy pour finir en un monument heavy sur lequel toutes nos têtes viennent se fracasser en cadence. Nous sommes donc tout à la joie de les revoir le lendemain, pour un set spécial, généreusement improvisé pour pallier à la brusque défection de Clutch, contraints d’annuler du fait de la disparition du père du chanteur.

A l’issue du concert, Jason Newsted (ex Metallica) prend la basse sur le titre « Bury Me In Smoke ». Ce musicien a définitivement quitté la plus grosse machine du milieu (Metallica donc) pour revenir avec ferveur et sincérité parmi nous, les idolâtres du genre et ceux qui le font vivre plus modestement.

Après une courte pause à base de crêpes et de Breizh Cola, et on intègre le set déjà en cours de Karma To Burn. Ce dernier Hellfest a connu moult annulations (Masters Of Reality, Clutch…) et bouleversements de plannings, et voilà maintenant que le célèbre trio de stoner instrumental est reconfiguré en duo, le bassiste manquant à l’appel. Le plus impressionnant est que le son semble toujours aussi massif et la prestation n’est pas moins honorable. Le public présent en masse, comme gagné par l’impérieuse nécessité d’épauler les musiciens dans une telle configuration, soutient ardemment le duo qui nous livre finalement un des meilleurs concerts que j’ai pu voir de ce groupe. Comme nous le déclarera le guitariste, « you put a big smile on my face today ».

Interlude shopping (c’est vrai quoi, non mais enfin). A cette occasion, alors que j’attendais devant une échoppe de vêtements avec un body estampillé Kiss pour mon dernier né, une jeune femme m’abordera en ces termes : « je peux te passer devant ? J’ai des gros seins ». Et bien, cela en étonnera peut-être, mais l’argument m’a paru insuffisant et j’ai obstinément conservé ma place dans la file d’attente.

Le sac à dos un peu plus lourd - on a fait des folies à l’Extrême Market – on retourne sous la Valley pour retrouver des habitués de nos sorties musicales, le groupe Red Fang. Il faut dire qu’il s’agit là sans doute du groupe le plus festif du moment. Très affuté par ses tournées incessantes, visiblement dans une forme olympique, le groupe retrouve joyeusement une foule qui ne demande que ça. Hélas, c’est la règle ici-bas, à peine une heure de set et « time to kiss your ass good bye ».

Dans ma vie de mélomane, je ne suis pas passé loin de ZZ Top (« Legs », « Gimme All Your Lovin’ »…), mais je suis sans doute surtout passé à côté. L’occasion m’était donnée ici de les voir en vrai, cela ne se refuse pas. Avec l’ouverture d’esprit qui caractérise ce festival, leur présence ne détonne pas. Le trajet, habituellement fluide vers la Mainstage, s’avère malaisé du fait d’une foule compacte, bien plus importante en ce samedi soir. Avec ce groupe, le Hellfest a visiblement fait venir du monde. Autour de nous, les festivaliers goûtent les joies du blues blanc en sirotant paisiblement une bière. Alors que Jimi Hendrix fait l’objet d’une reprise (« Foxy Lady »), bien installés dans l’immuable au milieu des vignes, on profite.

Las, visiblement ce genre de tête d’affiche draine une population plus très fraîche et lourdement alcoolisée. Leurs élucubrations me fatiguent un peu, et ce d’autant plus que des danseuses peu couvertes installées au-dessus du bar réveillent encore un peu plus leurs ardeurs bruyantes.

Après une revigorante crêpe chez Tiphanie (« Pancakes at Tiffany’s »), nous voilà à nouveau assis pour attendre Kiss au plus près possible. Cela nous astreint malheureusement à supporter les vociférations des pré pubères Bullet For My Valentine. Sans doute ce que l’on peut faire de pire dans le genre, poseurs, faux rebelles et absence totale de compositions dignes de ce nom.

Kiss, groupe sans qui, pour moi, rien de tout cela n’aurait été possible. Je suis certainement peu objectif s’agissant d’eux, mais je suis quand même toujours tenaillé, avant leurs concerts, d’une légère angoisse préalable : me décevront-ils ? Il n’en fut rien, le groupe a été impérial, totalement maître de son art, se défiant du temps comme de la météo. Les vieux, tout en se ménageant (surtout Paul dont la voix est définitivement fragilisée par les ravages de l’âge) arrivent, assistés de leurs plus jeunes recrues (Eric Singer – batterie – et Tommy Thayer – guitare) à donner un spectacle tout simplement exceptionnel.

Ils ne sont plus si nombreux ceux qui sont à même de produire un show pareil, maîtrisant les instruments comme la scénographie, avec un vrai amour de leur public, qui évidemment, le leur rend bien. Pendant le concert, je surveillais le plus jeune d’entre nous du coin de l’œil, il avait le regard émerveillé d’un garçon de huit ans devant un sapin de Noël. Je n’ai eu finalement qu’un seul regret, que le groupe n’ait pas fait une date parisienne, l’absence de mes enfants s’étant faite cruellement sentir pendant un spectacle qu’ils auraient adoré et que j’aurais aimé partager avec eux.

Ce samedi a constitué une journée de Hellfest parfaite, avec presque toutes les couleurs du heavy metal et pratiquement pas de pluie.

Dimanche

La vie passe vite, et quand elle est rêvée, on sent même comme une accélération supplémentaire. Déjà le dernier jour. On commence par un habitué de nos platines comme des lieux, le trio canadien Danko Jones. On ne risque pas d’être déçu, le leader du même nom est un showman né, aux titres pour le moins efficaces (« Legs », « First Date »…). Il fait humide, nos organismes sont un peu douloureux de la fatigue accumulée.

Danko Jones, un peu comme Phil Anselmo, est un fan du genre devenu, à la force du poignet, un membre important de la scène musicale qu’il chérit. Il apparaît comme un passeur qui ne manque jamais de faire référence aux artistes qu’il chérit, de Johnny Cash à Dimebag Darrell en passant par Ronnie James Dio (ou James Brown !). Cette démarche est invariablement touchante et on la partage volontiers. Toutefois, il faudrait qu’il muscle un peu ses prestations, surtout lorsqu’elles sont jouées en extérieur. L’apport d’un deuxième guitariste épaissirait ainsi certainement le son et une évolution de ses compositions semble aujourd’hui s’imposer.

Pour le reste, nous sommes au Hellfest, donc au Paradis, et comme il le chante si bien, « everybody is sexy in heaven ».

Nous faisons ensuite une courte tentative chez les Spiritual Beggars, sous la Valley, groupe qui, à leurs débuts recyclaient agréablement le début des 70’s pour maintenant adopter semble t’il le pire de la fin de la même période. Nous fuyons pour nous replier sur le black metal d’Ihsahn beaucoup plus intéressant et autrement plus enthousiasmant. Et surtout délicieusement sinistre.

Retour en extérieur pour écouter Newsted le groupe de... Jason Newsted, ancien bassiste de Metallica. C’est lorsque cela devient sauvage qu’il est au niveau, preuve de sa cruelle sous utilisation lorsque Metallica a progressivement mis beaucoup d’eau dans son trash des origines. Je n’aimais d’ailleurs rien tant que l’entendre chanter sur des titres comme « Creeping Death » ou « Seek and Destroy ». Il nous fera d’ailleurs grandement plaisir en terminant son set par le brutal « Whiplash » de Metallica.

S’agissant de ses propres efforts actuels, il est clair à l’écoute du concert qu’il ne renouvellera pas le genre, mais le plaisir qu’il ressent est communicatif. Je ne suis toutefois pas certain qu’il dusse uniquement compter sur lui pour écrire des chansons. Chic type, mais pas forcément un leader.

Voivod, groupe québécois avec lesquels Jason Newsted a également joué sur trois albums, lui succède sur la Mainstage et force est de constater que c’est infiniment plus consistant. Ce groupe joue une musique qui n’appartient qu’à lui, âpre mais teintée d’une noirceur mélancolique, ne cédant jamais au confort, semblant nous préparer à l’avènement d’un monde froid et mécanique. Un peu comme du Motörhead joué dans une station orbitale. Vive le Québec métallique.

« Hellfest, on est ravis de faire partie de ce trip. Est-ce que vous avez du bon temps ? » nous demandera tout sourire le chanteur Snake avec un accent montréalais à couper au couteau. Indéniablement, et ce n’est pas Phil Anselmo extatique sur le bord de la scène qui nous dirait le contraire (vite rejoint par Jason Newsted). Il ne tardera d’ailleurs pas à être invité à chanter avec eux leur célèbre reprise de Pink Floyd, « Astronomy Domine ». Si l’on m’avait dit que j’entendrais un jour le leader de feu Pantera et de Down chanter du Pink Floyd ! En tout cas, le moment est exceptionnel, j’en frissonne encore.

Jason Newsted investira également la scène pour jouer avec Voivod (« on a quelqu’un de la famille ! »), parachevant un merveilleux concert, musicalement comme émotionnellement.

Après de telles festivités nous enquillons directement avec les français de Gojira. A peine le set entamé, une jeune fille juchée sur les épaules d’un quidam leur montre ses seins. Sur du death metal ?! Passons. Ce groupe a la puissance de feu des meilleurs artistes du genre. Leur intensité sidère proprement. L’espace devant eux est envahi par une foule galvanisée. Demain est à eux mais ils tiennent déjà aujourd’hui dans leurs mains. Et puis comme le rappelle Joseph Duplantier, dans la fosse, comme sur la scène, « nous sommes tous des sales gosses » et c’est ce qui nous rassemble.

Je quitte toutefois cette atmosphère de jeunes (nichons, braveheart et wall of death géants) pour retourner sous la tente pour le deuxième set consécutif de Down du week-end. Les remplaçants au pied levé de Clutch offrent à des festivaliers qui n’en demandaient pas tant, un set de raretés. Down étant ce que l’on appelle communément un « super groupe » (donc constitué d’entités émanant de divers groupes relativement installés), le concert sera essentiellement fait de morceaux rarement joués (« Rehab ») mais également de titres extraits du répertoire de chacun des membres, avec l’irruption de quelques invités (dont Jason Newsted !). C’est ainsi que nous entendrons du Eyehategod (chanté par l’épouse de Phil Anselmo, qui a un sacré brin de voix), du Crowbar et pour ma joie totale, du Corrosion of Conformity (« Clean My Wounds », « Albatross »). Ici, la joie ne se mesure plus, je tutoie les anges divins (et les séraphins).

Le concert se termine sur une courte reprise du « Walk » de Pantera, au texte si essentiel à une bonne hygiène de vie. Toujours élégant, Phil Anselmo appelle la foule à scander le nom de Clutch puis clôt, comme à son habitude, les festivités par le propos suivant « and she’s buying a stairway… to heaven ».

Nous finissons cette exceptionnelle journée avec Danzig. Vingt ans d’attente mais quand on aime qu’est-ce que vingt ans ? Le garçon - Glenn Danzig - a la réputation d’être ombrageux et taciturne avec un ego passant difficilement les portes. À notre grande surprise, c’est plein d’une énergie féroce qu’il entre en scène avec un groupe au diapason (Tommy Victor - Prong - à la guitare particulièrement affûtée). L’attente valait la peine, et pour un spectacle pareil, on aurait même pu attendre le double (mazette, quelle set-list : « Twist of Cain », « Her Black Wings », « Blood and Tears », « Dirty Black Summer », « Mother » !!!).

Après une première partie du concert consacrée à sa carrière solo, surgit Doyle, guitariste des Misfits. La scène était peuplée d’hommes en noir, mais là, c’est à un personnage autrement plus terrifiant que l’on a affaire : immense, torse nu musculeux, maquillé de noir et blanc, avec une crête pendouillant jusqu’au milieu de la figure. Frappant sur sa guitare, martelant le sol de ses pieds et gonflant d’immenses bulles de chewing-gum, on l’imagine tout droit sorti de la famille Adams ou d’un film de Tim Burton. Hilarant et terrifiant. Le répertoire des Misfits, loin du blues sombre et violent de Danzig, est littéralement punk, versant américain. Du coup, ça s’agite beaucoup plus sous la tente, nous obligeant à reculer un peu.

Il faudrait dire ici un mot de Metallica, ce groupe devenu bien trop gros pour jouer au Hellfest. Que ce soit leur "Whiplash" repris par Newsted ou les morceaux des Misfits qu’ils ont largement contribué à populariser ("Last Caress", "Die, Die, my Darling"), le groupe reste omniprésent, même si d’aucuns le déplorent en les voyant comme des traitres à la cause.

En sortant de la tente, à la fois excités par ce concert exceptionnel, mais littéralement épuisés, nous décidons d’en rester là, abandonnant Ghost à la nuit. Le groupe a en effet été décalé à une heure du matin, donc deux heures plus tard. Le festival a été grandiose, nous avons encore été terriblement gâtés.

Un mot d’ambiance pour finir : on croise quand même pas mal de gens quelque peu hébétés par le houblon (1664 !), souvent gentils certes, puisque s’ils vous bousculent malencontreusement, ils tiennent alors à vous prendre dans leurs bras pour s’excuser, quand ils ne vous embrassent pas carrément. Au regard de leur hygiène, je déplore quand même que ce genre d’incidents ne m’arrive jamais avec une jolie fille, même ivre ou outrageusement attifée (car il y en a, et des chouettes).

Lundi, le TGV Nantes-Paris du retour est rempli de festivaliers, tout de noir vêtus, mais un calme absolu règne dans la rame. Les héros sont fatigués.

Sébastien

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