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Le Voyage en Italie - actes 3 et 4 (Venise, lac de Garde, Padoue, Caroman, Milan) Mai - juin 2019

dimanche 25 août 2019, par Sébastien Bourdon

11 mai

Venise ne perd jamais complètement son âme. Alors que j’imaginais la Biennale comme quelque chose d’un peu snob, cette invasion frénétique d’art contemporain fait échapper la Sérénissime à son enterrement sous le tourisme décérébré.
Le phénomène est d’autant plus intéressant que les expositions se glissent partout et pas seulement au sein de Fondations, certes très belles, mais révélant la présence d’un argent dément (Punta della Dogana).

En sus de découvrir vidéos, sculptures ou tableaux, on s’offre ainsi le luxe de visiter des intérieurs vénitiens et d’avoir une toute autre vue de la ville, au gré des fenêtres et terrasses de ce que furent auparavant ces lieux : des habitations.

12 mai

La pluie s’étant durablement installée sur le Nord de l’Italie, nous utilisons notre macchina de location pour nous rendre au lac de Garde. Notre application ne mentait pas, ici si la grisaille persiste, il ne pleut point.

L’écrivain Gabriele d’Annunzio fut un temps proche de Mussolini, mais leurs chemins divergèrent. Le Ducce ne pouvant se débarrasser de cet intellectuel encombrant, il lui ouvrit grand les cordons de sa bourse (plus probablement celle des contribuables italiens), le laissant aménager sa villa à grands frais et de manière parfaitement délirante (pour se faire une idée : il y a dans la propriété un véritable bateau de guerre qui a été fixé au sommet d’une colline pour contempler la vue sur le lac).

Résumant sa stratégie vis-à-vis de l’écrivain, Mussolini aurait dit « Quand vous avez une dent pourrie qui vous fait mal, vous pouvez soit la faire arracher, soit la remplir d’or.... dans le cas de D’Annunzio, j’ai choisi la deuxième solution ».

Nationaliste et principal représentant du décadentisme italien, d’Annunzio s’est donc permis ici toutes les dépenses et toutes les fredaines. De cette vie extravagante à tous points de vue, restent quelques livres et poèmes et cette demeure aussi baroque que le fut son occupant et dont la visite s’impose (il l’avait sobrement appelée : « Monument aux victoires italiennes » - « Vittoriale degli italiani »).

« Et il pleut sur nos visages
sylvains,
il pleut sur nos mains
nues,
sur nos vêtements
légers
sur les fraîches pensées
que laisse entrevoir
une âme nouvelle,
sur la belle histoire
qui hier
me berçait, qui aujourd’hui t’illusionne,
ô, Hermione.
 »

Hermione (extrait)

26 juin

Au Nord de l’Italie, la mer est moins belle, mais comment résister à l’appel de l’eau à cette époque de l’année. Pour éviter la foule - les grandes vacances ont déjà commencé à cette date en Italie - on opte pour une baignade dans la réserve naturelle de l’île de Caroman (à quelques encablures de Chioggia).

La température de l’eau se trouve toutefois être au diapason de l’air ambiant, trop chaude. L’eau est claire et douce, mais semble si peu habitée, hormis quelques petits crabes qui courent sur le sable et ça et là de modestes méduses.

Au-delà des limites de la réserve naturelle, sur des chantiers des grues remplacent les oiseaux du même nom. On ne sait si elles se contenteront encore longtemps des limites qu’on leur a à ce jour assignées.

Sur la route du retour à Padoue, mon regard est un instant attiré par des cervidés au bord de l’autoroute. J’ai toutefois le temps de constater qu’ils sont artificiels.

Cette virée délicieuse à la plage aura donc aussi évoqué un monde aussi enchanteur que comme au bord de la rupture.

27 juin

Prendre fort tôt le train vers Milan où l’on atteindra les 41 degrés et se voir confirmer une fois de plus combien on sait souvent mieux vivre en Italie qu’ailleurs : journaux gratuits et boissons diverses nous sont offertes à la place par un personnel courtois.

En ville, par cette température affolante, on peut constater que nonobstant la pression phénoménale mise sur les systèmes électriques, personne ne juge utile d’éteindre tout ce qui ne sert à rien, à commencer par les panneaux publicitaires. Paris ne fera pas mieux quelques jours plus tard, longuement frappée par les mêmes chaleurs effarantes.

Bien que recouvrant toutes les caractéristiques de l’urbanité frénétique occidentale, la ville de Milan se révèle au fur et à mesure, recelant de biens jolis quartiers et surtout de très beaux musées, qui se transforment en espaces vitaux par ces températures (Museo del Novecento et Pinacoteca di Brera).

Le train du retour, très en retard mais frais, aurait presque une atmosphère de « Transperceneige » (Lob - Rochette). Simplement ici, ce n’est pas du froid polaire qu’il faut se protéger, mais de l’inhumaine chaleur.

Sébastien Bourdon

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