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It’s a man’s world

« Un Monde Sans Femmes » de Guillaume Brac (2011)

jeudi 8 novembre 2012, par Sébastien Bourdon

Il est des films dans lesquels on entre immédiatement, pas forcément confortablement, mais qui vous procurent des émotions multiples, parfois contradictoires, où l’on reconnaît dans ce qui est montré quelque chose de soi qui facilite l’entrée dans l’œuvre. C’est ainsi que dès les premières minutes, un film peut sembler vous parler directement et cette sensation ne vous quittera pas tout du long de sa projection.

Une station balnéaire picarde (Ault), au ciel gris parfois miraculeusement bleu, mais tous les jours au moins un petit peu, comme en Normandie ou en Bretagne. Un de ces pays où les filles passent vite du ciré jaune au maillot de bain, et vice-versa. Un pays merveilleux en somme car, lorsqu’on se trouve dans des endroits fait toujours chauds et ensoleillés, insoutenable est la nécessité de se découvrir en permanence, cette impossibilité d’échapper à sa plastique comme à celle des autres. Au Nord, Nord-Ouest de notre beau pays (« North by Northwest »), c’est plus compliqué de se dévêtir, et ce même aux beaux jours, la vision de l’autre est donc tout à la fois plus rare, plus furtive et plus troublante (comme déjà évoqué, sous le ciré, il y a une fille en maillot de bain qui sommeille).

C’est dans cet univers pas toujours coloré qu’évolue notre héros, Sylvain, triste et attachant trentenaire, qui survit comme il peut au doux désespoir que génère sa solitude affective. Dès le début du film surgissent deux femmes, venues de Paris pour une semaine de vacances. Elles apparaissent à l’écran comme la promesse de jours meilleurs (et de nuits peut-être). Une mère et sa fille, si proches en âge et si différentes. La première, encore jeune, sensuelle aux formes pleines, mais dont l’enthousiasme presque permanent cache mal la fragilité de s’être beaucoup cognée à l’égoïsme des hommes. La seconde, sa fille, ravissante presque femme, est gracieuse et mélancolique, comme une petite poupée de porcelaine rêveuse.

Pour Sylvain, tant qu’il y a des femmes, il y a de l’espoir, mais mon Dieu, comme cela fait mal. Le personnage principal n’ignore rien des peines de cœur et de la solitude du corps, on le comprend tout de suite, mais il expérimentera tout cela encore, aussi attendrissant et maladroit soit-il.

Ce film poursuit et renouvelle brillamment la comédie douce-amère dans laquelle le cinéma hexagonal s’est si souvent illustré, de Rozier à Rohmer, ce marivaudage drôle et faussement léger car non dépourvu d’un regard précis sur la solitude des êtres.

Il existe en DVD, aussi, grâce à mes chroniques, faites donc un peu en avance vos courses de Noël.

Merci qui ? Merci Sébastien.

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