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Quadrilogie Mike Patton - Episode 1

Euréka ! Mike Patton est né !

jeudi 19 février 2004, par Paul Kirkness, Thomas Bourgenot

L’oeuvre de Mike Patton est immense. Ceux qui le connaissent déjà, le savent. Il nous apparaissait important de revenir sur sa large carrière foisonnante et pas toujours accessible. Petite rétrospective d’une vie musicale pour le moins impressionnante... En quatre parties ! Une quadrilogie en somme....

C’est dans la petite ville paisible du Nord de la Californie, Eureka, que Michael Allan Patton voit le jour le 27 janvier de l’année tumultueuse 1968. On passera sous silence l’enfance paisible du jeune Michael pour parler directement de ce qui nous intéresse : sa carrière musicale. Il commencera à faire parler de lui dans les journaux locaux avec le groupe Turd (« merde »), dans lequel il chante dès 1983 - il n’a que 15 ans. Viré par les membres du groupe (ah ! les cons !), il décide en 1985 de fonder avec ses potes de lycée - Trevor Dunn à la basse, Trey Spruance à la guitare et Jed Watts à la batterie - le groupe désormais cultissime, Mr. Bungle.

L’origine du nom est assez paradoxale. D’une part il fait référence à un clown qui apparaît dans une émission ringarde pour enfants, The PeeWee Hermann Show. D’autres part, ce nom est celui d’un personnage dans un film pornographique (ouuuh pornographique...!). Mr Bungle est à l’époque un groupe assez énervé, qui penche vers une musique plutôt death metal, avec un son assez crade sur leur première démo (The Ragging Wrath of the Easter Bunny) qui sortira pour les fêtes de pâques 1986.

Mr. Bungle époque vengeur masqué

C’est en 1987 qu’ils adoptent les saxophones (Scott Fritz et de Theo Lengyel) dans leur formation, pour dériver vers un ska, funk, swing assez agressif, sans délaisser leur première influence métallique. On l’aura compris, Mr Bungle se cherche un univers. Une deuxième démo voit le jour cette année là (Bowl of Chiley, ce qui ne veut pas dire grand chose...). Les mois passent, les musiciens changent, et Mr Bungle se cherche encore. Le batteur est remplacé par Hans Wagner, et Scott Fritz est remplacé par Luke Miller. Avec cette formation, ils enregistrent en 1988 leur troisième démo au nom ironique,Goddammit, I love America !. Le son s’améliore et le groupe commence à faire parler de lui.

C’est à cette époque que le guitariste du groupe Faith no More, (Big) Jim Martin, s’intéresse à Mike Patton. Il découvre la première démo et prend contact avec lui, le chanteur de FNM, Chuck Mosely, posant quelques problèmes notamment d’alcoolisme, de capacité limitée en chant et de querelles diverses avec les autres membres du groupe. Avant d’être intégré dans FNM, Mike Patton enregistrera encore une démo avec Mr Bungle, qui sortira en 1989 (ou818).

C’est donc en janvier 1989 que Mike Patton remplace définitivement Mosely, ce qui amorce les débuts d’un groupe prometteur. Néanmoins, le chanteur refusera de quitter Mr Bungle, causant ainsi la première mésentente entre les memebres de FNM, nouvelle mouture.

En deux semaines, Mike Patton écrira tous les textes du futur album The Real Thing (1989), qui consacrera la renommée du groupe. En effet, avant l’arrivée de Mike Patton, Faith no More souffrait d’une voix médiocre qui ne mettait pas en valeur le talent et

l’originalité des autres musiciens. C’est donc une aubaine pour le groupe d’avoir trouvé un prophète pour déceler leur foi. Si Mike Patton n’est pas encore tout à fait mature (il n’a que 20 ans), il apporte une énergie nouvelle, tant dans son jeu de scène que dans son chant. Bien qu’un peu nasillard, on distingue déjà un grand talent, capable de différents registres.

C’est avec le titre Epic que leur triomphe commercial commencera. Leur premier clip passera largement sur la chaîne « créatrice » de succès « empty V », et leur permettra de devenir disque de platine à la fin de l’année 1989. En effet, le « funk metal » ou « rap metal » est, à cette époque en pleine ascension, avec des groupes comme Fishbone ou Red Hot Chili Peppers. The Real Thing s’inscrit pleinement dans cette fusion des genres : Du gros metal gras et méchant (Surprise ! You’re Dead !) à l’influence rap des années 80 (Epic), en passant par le petite intro douce de Zombie Eaters, Faith no More jongle avec les styles musicaux du moment pour se créer une patte bien à lui.

Mike Patton, malgré le succès de FNM, n’en oublie pas ses larrons de lycée du groupe Mr Bungle, qui arrivent à sa formation finale, avec le nouveau sax Clinton McKinnon et le batteur Danny Heifetz. Mike Patton n’a pas perdu l’occasion de faire connaître son premier « vrai » groupe en portant fièrement un T-shirt à l’effigie des bungleux dans le clip de Epic, ce qui leur permettra de signer un contrat avec Warner Bros, et d’être produit par le saxophoniste de

jazz John Zorn. Ce premier opus sorti en 1991 montre le côté plus « underground » de Mike Patton. En effet, si FNM est assez « tendance » en ce début des années 1990, Mr Bungle restera toujours assez obscur. Et on peut comprendre pourquoi. Pour parler d’un groupe, les critiques aiment bien le classer, le catégoriser dans un style musical. Or que faire avec cette « chose » qui passe allègrement du ska cuivré au metal symphonique, avec des passages pour le moins free, le tout dans un seul et même morceau ? Cet éclectisme a pu troubler les fans de la première heure de Faith no More.

Cette même année, Faith no More profite de sa tournée en Angleterre pour sortir un album Live at the Brixton Academy, et une vidéo, You fat Bastards !, montrant au public l’énergie du groupe en concert. C’est alors que commence la préparation du prochain album studio : Angel Dust qui arrive dans les bacs en 1992. Une fois de plus, Faith no More prouve sa capacité à évoluer, ce qui ne sera pas sans déplaire au guitariste. Celui-ci participera peu à l’élaboration de l’album et n’apportera sa contribution active qu’au titre très guitaristique, Jizzlobber.

Angel Dust est rempli de titres exceptionnels, tels RV, Caffeine ou encore l’excellent Be Aggressive, dont le refrain a été largement pompé par le sieur Marilyn Manson. L’éclectisme est encore au rendez-vous et la voix de Patton se raffermie. Ayant eu plus de temps pour le préparer, ils ont pu aboutir à ce qu’ils recherchaient et on commence à vraiment sentir la touche de Mike Patton, qui contribue à bungeliser (1) Faith no More.

Cependant, un titre comme Everything’s Ruined démontre aux sceptiques que Patton fut un bon choix pour le développement du groupe. Il élargit son registre encore et toujours passant du crooner (Easy) aux hurlements frénétiques d’un Smaller and Smaller ou d’un Malpractice. Néanmoins, malgré cette maturation, l’album ne rencontrera pas le succès de The Real Thing et ne sera ‘que’ disque d’or (c’est dur...).

Après la tournée avec Guns n’ Roses et Metallica, Jim Martin quittera le groupe pour St. Vitus - groupe de doom-gore sans intérêt à notre goût...

Ce premier épisode prend fin avec ce bouleversement dans la vie de Faith No More... Si le contenu vous a paru foisonnant, attendez-vous à pire dans les épisodes suivants. On y verra Faith no More changer encore et toujours de guitaristes, Mr. Bungle bungelisant radicalement et Mike Patton partant dans les projets les plus fous et les plus variés... Vivement la suite donc !

(1) Nous souhaiterions d’ailleurs proposer à ses Messieurs qui "travaillent" à l’Académie française d’intégrer le verbe "bungeliser" dans le dictionnaire.

Toma et Polo

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