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Un taxi pour Toruk

vendredi 8 janvier 2010, par Sébastien Bourdon

La période dite des « fêtes de fin d’année » étant propice aux distractions pour et avec les enfants, voici quelques commentaires sur des films entrant, au moins partiellement, dans cette catégorie.

Avatar de James Cameron. Ce film ne donne pas à penser (ou si peu), il donne à rêver. Et ce n’est pas si mal, en ces temps, comme en d’autres.

Vous ne trouverez effectivement de quoi vous agiter le cortex, c’est un western comme aurait pu le réaliser le Kevin Costner de Danse avec les loups ou le Terence Malick avec Le Nouveau Monde (ce n’est effectivement un film ni fordien, ni hawksien, comme auraient pu l’écrire les Cahiers) : un cowboy s’introduit chez les indiens et finit par prendre fait et cause pour eux (le look et la langue des Na’vis font d’ailleurs terriblement comanche... ou sioux, je ne sais pas).

Bref, c’est un western collé sur un monde futuriste, merveilleux et terrifiant. Comme l’ont constaté certains critiques, le scenario tenant sur une feuille de papier cigarette, une autre histoire reste à écrire sur Pandora (aux dernières nouvelles, une suite est prévue). Mais j’ai quand même envie d’y retourner sur cette étrange planète. Pas forcément en 3 D cette fois-ci, je trouve que cela relève d’un gadget qui, au surplus, m’a donné mal au crâne (à part peut-être le débardeur blanc de Michelle Rodriguez qui rendait très bien relief, évidemment).

Le seul espoir de l’humanité guerrière réside selon Cameron dans les paraplégiques, les vieilles clopeuses et les aliens. Bonne année...

Sinon, beaucoup plus subtil et infiniment plus complexe, Max et les Maximonstres de Spike Jonze. L’enfance, c’est une souffrance, l’âge adulte c’est pire et c’est ce pressentiment qui va gouverner le comportement réel ou imaginaire de cet enfant turbulent qu’est Max. Tiré d’un sublime bouquin pour enfant de Maurice Sendak, le film arrive à étirer l’histoire sans jamais la trahir, ni diminuer son impact psychologique et la réflexion qu’elle peut engendrer. Le personnage de la mère de Max (parfaite Catherine Keener) est ainsi subtilement développé.

Le film serait sans doute plus abordable avec quelques notions de psychanalyse, mais le sentiment de familiarité de nos sensations avec ce que voit et ressent Max est profondément troublant. Si la réalité lui semble pénible (en gros, lorsque sa mère, à juste titre, le punit, « you’re out of control »), il s’invente un univers au-delà de l’océan et s’y réfugie. Ce monde est habité par des monstres qui hésitent entre le couronner et le manger. Il trouve dans ce refuge de l’esprit un écho à ses angoisses (peut-on déjà parler de névroses ?) et devient roi de ce peuple tout aussi ingérable que lui-même. Mais comme il le découvrira, « there is no such thing as a king ».

Le titre anglais du livre, comme du film, est Where The Wild Things Are, ce qui est infiniment plus parlant sur le contenu de l’œuvre.

Tout est d’une beauté stupéfiante, le réel sous la neige, comme les forêts et les dunes du pays des Maximonstres. Les effets numériques des créatures sont au surplus d’une telle richesse qu’on en vient à se sentir en parfaite empathie avec eux. La grande idée est d’ailleurs d’avoir donné à Carol, l’alter ego monstrueux de Max, la voix de l’acteur James Gandolfini. Qui pourrait mieux incarner que Tony Soprano himself un personnage tendre et attachant aux accès de violence incontrôlables ?

Grand film où les adultes se retrouvent et où les enfants ne sont pas trahis.

Sébastien

P.S. Les mélomanes auront déjà noté que :

* Karen O des Yeah Yeah Yeahs a composé la musique du film ;
* Arcade Fire illustre magnifiquement la bande-annonce avec le morceau « Wake up » ;
* Metallica a composé un titre appelé « Where the wild things are » que l’on peut trouver sur l’album “Reload” (1997).

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