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Tout Sur Ma Mère

"Que Dios nos perdone" de Rodrigo Sorogoyen

jeudi 24 août 2017, par Sébastien Bourdon

"Que Dios nos perdone" de Rodrigo Sorogoyen

Le film s’ouvre sur un homme qui se recueille sur une tombe, celle de sa mère. Il semble silencieux et furtif, nous découvrirons surtout qu’il est bègue et policier (Antonio de la Torre).

Madrid été 2011, alors que le Pape Benoît XVI annonce sa venue dans la capitale, un tueur brutal et sadique s’acharne sur des vieilles dames isolées.

Les forces de sécurité locales ont évidemment autre chose à faire en cette visite papale, et puis cette ténébreuse affaire de viols et assassinats de personnes âgées fait un peu tache dans la bondieuserie ambiante. Nul n’en parle et l’enquête devra être discrète, les instructions venue d’en haut (presque du Très Haut en somme) sont formelles.

L’homme dont on découvrira vite les attitudes étranges et le terrible bégaiement fait équipe avec un mâle alpha espagnol, une brute toujours prête à cogner, à boire et à fumer... mais avec du cœur et intrinsèquement bon flic (Roberto Alamo).

Respectant les codes du genre, les deux coéquipiers sont évidemment mal assortis, fondamentalement torturés et limites, mais forment en réalité une équipe à l’efficacité redoutable dont il faudra forcément in fine reconnaître la compétence, en oubliant le comportement asocial et les méthodes discutables.

Film relativement étiré et souvent elliptique, il n’aborde en réalité qu’un seul sujet, la violence. Le réalisateur s’attache paradoxalement à peu la montrer, ou alors de manière brusque et subite, quand le scenario pourrait servir de prétexte à des scènes particulièrement sanguinolentes et malsaines.

Le plus souvent ne nous sont donc exposés que des cadavres, abîmés par la vie et les stigmates d’une fin brutale, livrés aux regards froids ou dégoûtés des spécialistes post mortem.

Qu’est-ce qui amène à ces explosions si terrifiantes et irrépressibles, à quel moment passe t’on du désir amoureux, quel qu’il soit, à la prédation sexuelle ? Comment ce qui devrait relever de l’amour finit par produire des monstres ? Il n’y a évidemment aucune réponse, le film ne prétendant pas les donner, préférant s’attarder sur ses personnages et sa diabolique intrigue policière.

Le mal est partout, et semble ici surtout s’incarner dans le mâle, guère triomphant et ne trouvant que rarement sérénité et rédemption, sauf à ce que la mort produise un tel phénomène, mais il ne s’est trouvé personne pour venir le raconter.

« Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur » Livre de l’Apocalypse, Saint Jean

Sébastien

P.S. les amateurs éclairés auront noté la jolie collection de tee-shirts heavy metal portée par l’un des flics de la brigade.

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