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« Thunder Road » de Jim Cummings

mercredi 3 octobre 2018, par Sébastien Bourdon

Dancing in the Dark

Le film a été écrit et réalisé par un garçon - Jim Cummings - qui joue également le rôle principal. En ces temps où l’on se plaint de l’omniprésence masculine au cinéma (entre autres), le programme pouvait rebuter, faisant craindre un sacré déballage d’ego de mâle créateur (et dominant). Il n’en est rien, l’oeuvre est une petite merveille originale et sincère.

L’ouverture du film, relevant littéralement du tour de force, nous montre un flic, Jimmy Arnaud - qui porte vraisemblablement la moustache pour faire adulte - s’empêtrer dans le discours d’enterrement de sa propre mère. Il ne cesse de vouloir se tenir et pourtant s’effondre en permanence, poussant sa prestation calamiteuse jusqu’à l’improvisation de pas de danse particulièrement inadaptés au lieu comme au moment (l’idée étant de mimer le morceau "Thunder Road" de Bruce Springsteen, qui donne son titre au film).

On le comprend donc vite, c’est l’histoire d’un type qui ne va pas très bien. Sa mère vient de mourir, sa femme l’a quitté et cette dernière veut de surcroît lui prendre sa fille.

Forcément, avec ces désertions féminines simultanées aux motivations diverses mais guère joyeuses, notre protagoniste se sent comme happé par un gouffre. Aussi touchant que grotesque, notre flic dépressif se débat beaucoup pour se maintenir à la surface - difficile de mieux incarner la fameuse « énergie du désespoir » - mais le plus souvent en vain.

Couillon désarmant, notre héros moustachu est surtout un bon gars qui n’a que sa fondamentale gentillesse à revendre mais à qui ce penchant naturel ne sert pas à grand chose dans un monde finalement assez hostile. Desservi par lui-même, il se plante dans ses sursauts et tentatives, tombe, repart boitillant et en slip (déchiré), parce que forcément, se présenteront bien à un moment des jours meilleurs.

Ces mésaventures donnent l’occasion au réalisateur de se filmer dans une succession de saynètes désespérément drolatiques (ou l’inverse). Difficile de mieux incarner le concept parfois flou de « comédie dramatique ».

L’ensemble donne un film empathique au ton singulier qui, dans sa sincérité et sa forme, dénote joyeusement, même dans le paysage devenu familier du « cinéma indépendant américain » (cf. Sundance).

Sébastien Bourdon

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