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The Cult - « Love Live »

Bataclan de Paris, le 2 octobre 2009

mardi 6 octobre 2009, par Sébastien Bourdon

The Cult se produisait récemment a Paris dans un concert qu’il aurait fallu ne pas rater ! Même Thomas VDB était présent dans le public de ce grand, grand groupe de rock... Un excellent moment de musique électrique (et pas électronique !).

Dans la salle, j’ai croisé Thomas VDB. Pour les néophytes, c’est un humoriste qui puise dans son passé de critique rock la matière comique de ses excellents one man shows. Ayant adoré son spectacle il y a quelque temps déjà, je m’approche de lui et lui déclare ma flamme : « votre spectacle, on a adoré, c’était incroyable, c’est comme si vous l’aviez écrit pour nous !! ». Avec un grand sourire, il me répond : « mais je l’ai écrit pour vous ! »

Revenons au programme de ce vendredi soir d’été indien, The Cult. En voilà une saison de circonstance pour aller écouter la musique de ces anglais lorsque l’on sait la passion de ces derniers, et particulièrement de leur frontman Ian Astbury, pour Sitting-Bull et consorts (parfois jusqu’au ridicule achevé, il faut bien le dire).

Il y a bien eu une première partie, mais entre les retrouvailles avec mon nouveau copain metal rencontré à la montagne cet été (il lisait l’autobiographie de Mötley Crüe The Dirt, bouquin indispensable) et les bières fraîches dégustées en terrasse avec un camarade, je suis passé totalement à côté puisque même pas dans la salle.

La troupe réunie, nous avons fini par rejoindre le Bataclan qui, s’il n’était pas complet (la France, région parfois déprimante du rock n’ roll), affichait quand même un beau remplissage.

Il est vrai que The Cult est un groupe déconcertant. Il n’existe en réalité que par Ian Astbury (chant et maltraitance de tambourin) et Billy Duffy (guitares), le reste des musiciens valsant régulièrement au cours de l’histoire déjà longue du groupe puisque formé en 1981 (ils ont même eu un batteur mort, on se croirait dans Spinal Tap). The Cult a traversé tous les courants, comme précurseur parfois mais aussi comme suiveur, toujours avec talent. Le groupe a également splitté régulièrement, mais le duo ne vaut rien l’un sans l’autre, ils ont fini par réaliser cette évidence et nous ont même encore récemment délivré un excellent album avec Born Into This (2007).

The Cult a donc tout joué au pays du rock n’ roll, ils ont été gothiques et batcave (avec leurs 1ers albums et surtout Love en 1985, dont la tournée actuelle est consacrée à l’intégralité du disque), ils ont viré au hard-rock velu avec Electric (1987, si vous ne l’avez pas, je ne peux rien pour vous, cet album est celui qu’AC/DC a rêvé d’enregistrer depuis la mort de Bon Scott), ils ont grossi leur son pour viser les stades américains et parachevé le virage hard-rock avec Sonic Temple (1989, Bob Rock aux manettes), ils sont revenus à une sobriété empreinte de chamanisme (!) avec Ceremony et ont même tenté un virage grunge-techno-indé avec The Cult (que nous appellerons le « Bouc Album » rapport à sa pochette). Depuis, entre deux engueulades, ils se maintiennent, aussi bien discographiquement (Born Into This) que scéniquement (vendredi soir au Bataclan).

Le public est évidemment en parfaite adéquation avec cette constante évolution musicale. On croisait ainsi des types en noir avec des tee-shirts des Fields of The Nephilim, des filles gothiques (mais pas de 1ère jeunesse, elles se sont d’ailleurs retrouvées en déclarant « woaouh, le retour des mortes vivantes !! »), des hard-rockers de base (genre moi ou des versions plus tranchées), des métalleux, des types en costard et même des blondes un peu sexy et tapées (ou l’inverse) qui continuaient à danser dans le même mouvement, même lorsque la musique s’arrêtait.

Le show fut évidemment impeccable, sinon vous ne me liriez pas. La prestation intégrale de l’album Love fut à la hauteur de l’attente (à quand la même chose avec Electric ?). « Nirvana » porta fort bien son titre et l’exécution de « Rain » fut somptueuse (« titre qui me rappelle toujours la Bretagne » déclara un ami). Et puis j’ai eu droit en live, en vrai au sublime « Brother Wolf, Sister Moon », j’en ai frissonné. Parfaitement enivrant.

La deuxième partie du show fut consacrée à un survol de leur carrière. C’est ainsi que nous eûmes notamment droit à « Sun King », et « Fire Woman », tous deux extraits de Sonic Temple. A ce stade de la compétition, nous avions rallié les premiers rangs, pour pogoter joyeusement - mais sobrement, on n’est pas chez Slayer non plus. Je me suis finalement collé à la barrière devant la scène et me suis en plus offert le luxe de faire quelques photographies.

Nous avons bien entendu eu droit à des extraits de l’album Electric avec « Wild Flower » et « Love Removal Machine », parfaitement divin avec un Billy Duffy impérial à la guitare (toujours la même coupe de cheveux, blond platine, dressés vers le ciel). Même le dernier album fut joué avec « Dirty Little Rock Star » et sa ligne de basse fulgurante. Lors du seul extrait de l’avant-dernier opus, « Rise », le même bassiste a envoyé un chorus qui m’a laissé penser un instant que Cliff Burton n’était pas mort. Excellent batteur également, John Tempesta, qui a officié chez Testament et Exodus.

Pour conclure, un mot sur Ian Astbury qui est une putain de rock-star. Génial et caractériel, avec une voix superbe et une suffisance directement issue de la Perfide Albion. Quand je parle de voix, il faut quand même rappeler que le garçon a récemment remplacé le défunt Jim Morrison pour tourner avec les Doors. Il ressemble d’ailleurs de plus en plus au regretté barbu, mais plutôt vers la fin si on évoque le tour de taille et le système pileux.

Astbury aurait pu finir comme Axl Rose, millionnaire planqué dans un château sur les collines de Beverly Hills, il l’aurait d’ailleurs mérité, il a quand même remis le rock n’ roll au goût du jour. Le problème est que les Cult n’ont jamais suffisamment percé pour cela, ils sont restés des précurseurs et n’ont fait que frôler un énorme succès. Aujourd’hui encore, il leur arrive d’assurer des premières parties (les Who récemment), sans pouvoir se reposer sur leurs lauriers. Alors Astbury fait encore quelques caprices (il nous a ainsi fait un caca nerveux parce qu’un spectateur se comportait - semble t’il - mal avec lui), boude, mais y trouve finalement une hargne particulièrement bienvenue en concert. Il ne nous a peut-être pas aimés, mais nous, on l’a adoré.

« It’s electric babe ».

Sébastien

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