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Tenir son rang

lundi 14 décembre 2009, par Sébastien Bourdon

Avec ou sans virus, que ce soit de son canapé ou dans les salles obscures, Sébastien s’adonne au décorticage de films.

Une fois n’est pas coutume, le chroniqueur va commencer par déplorer des loupés. Il lui avait été donné l’occasion de finir l’année en beauté avec le concert d’Alice In Chains au Bataclan et la prestation, semble t’il exceptionnelle, de Mc Cartney à Bercy. J’ai laissé filer les places, je me suis réveillé trop tard (pour Macca, j’ai des excuses, c’est parti en dix minutes) et n’ai pu donc que déplorer ma propre absence à ces spectacles. Du coup, forcément, je ne pourrai vous en parler. Cela dit, sur ce manque, je vous ponds un paragraphe, comme quoi écrire sur rien, c’est déjà quelque chose.

J’ai raté pas mal de films également, L’enfer, A l’origine, Away we go, In the loop (qui m’a été pourtant vivement recommandé), Les herbes sauvages... Pas mal de trucs français, bizarrement. Pourquoi tant de loupés ? Parce que travail, famille et épuisement. Les bactéries ont fondu sur mon foyer, nous privant de la joie essentielle à l’homme développé qui consiste à poser ses fesses dans une salle obscure.

Mais finalement, hier, parce que séance tôt et à côté, parce que finalement confier la gestion de ses enfants à quelqu’un en fin de dimanche, c’est reposant aussi, nous avons, ma catarrheuse d’épouse et moi-même, réussi à voir, oui, un film.

Donc : Rapt de Lucas Belvaux. Pour ceux à qui ça aurait échappé, ce film est inspiré de l’histoire du Baron Empain, enlevé pour des raisons crapuleuses à la fin des années 70. Là, ça se passe de nos jours, ça se voit, il y a des ordinateurs et des téléphones portables.

Le casting est impeccable, Yvan Attal incarne brillamment un homme qui, de tout-puissant, devient un rat effrayé au fond d’une cave. Françoise Fabian a une classe absolue et je suis toujours amoureux d’Anne Consigny (depuis « La première étoile » exactement). Le film, porté par lesdits acteurs, est extrêmement juste dans sa description d’une caste française, celle que nous appellerons les puissants. Les dialogues sont parfaits, de temps en temps, on se croirait au bureau pour un closing.

Il y a un peu d’audace toutefois dans la représentation de ce milieu, ainsi l’avocat du héros est noir, or, même de nos jours, il n’est malheureusement pas certain que cela se pratique beaucoup, Obama ou pas. Pour faire bonne mesure, le portier du siège de la multinationale est de la même couleur.

Chronique sociale et film noir comme on en faisait du temps de Patrick Dewaere, j’ai donc passé un excellent moment.

Sinon, seul sous mon toit, j’ai pu profiter de certains films moins récents :

Le dernier des Mohicans de Michael Mann. La magie des lectures d’enfance est une de mes quêtes cinématographiques et là, force est de constater que ça tape un peu à côté (et Daniel Day Lewis porte vilainement les cheveux longs, ça lui donne l’air tarte). Mais bon, Patrice Chéreau est très bien et je suis également toujours amoureux de Madeleine Stowe (je suis très MILF en ce moment, je prends de l’âge). Forcément, les paysages sont beaux, au cinéma, ça peut être plaisant.

The Host de Joon-ho Bong. Je suis en principe peu friand de films de terreur. Ce n’est pas que je n’aime pas ça, par exemple, je suis très impressionné par les filles, mais je les aime quand même. Le truc, c’est que la peur, le sang, c’est pas mon truc, je flippe. Mais là, j’ai été vivement impressionné par ce mélange de genre sacrément audacieux : j’ai appris des trucs sur la Corée du Sud (dans ses rapports avec les Etats-Unis notamment), j’ai eu les chocottes, j’ai ri et j’ai pleuré (un peu). En plus, il y a des histoires de virus, c’est on ne peut plus tendance. Bref, j’ai vu un bon film, formidablement photographié (« des effets spéciaux à vous couper le souffle » pourrait-on dire dans un gratuit distribué dans le métro).

Et puis il y a aussi eu :

Welcome de Philippe Lioret. J’aime bien Vincent Lindon, sur la pellicule il est présent, un peu comme Yvan Attal. En plus, je trouve ça beau, un type qui bégaie et qui tremble sauf quand il joue, comme si c’était vital que de faire l’acteur. Le film m’intéressait parce que dénonçant semble t’il une forme de brutalité faite à des désespérés (je vais essayer de ne pas fâcher nos lecteurs de droite, comme de gauche repentie). Là-dessus, il faut dire que c’est plutôt réussi. Le problème est que le jeune kurde du film, s’il veut traverser la Manche, ce n’est pas pour bouffer, c’est par amour. Là, c’est moins pertinent et surtout nettement moins crédible. Du coup, j’ai été un peu déçu dans ma soif citoyenne d’être secoué.

Sébastien

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