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Sonseeahray

« La Flèche Brisée » de Delmer Daves (1950)

mercredi 17 novembre 2010, par Sébastien Bourdon

Mon fils aîné, un garçon très brillant, du haut de son lit, alors que je lui demandais ce qu’il avait pensé du film, me déclara que c’était tout le contraire de « La Charge Fantastique » que nous avions vus il y a quelque temps sur l’écran familial. Effectivement, ce film de Raoul Walsh avec Errol Flynn, sorti en 1941, biographie très romancée du Général Custer, ne nous montre les indiens que comme de lointains cavaliers hurlants qu’il faut abattre au plus vite si l’on veut conserver son scalp.

Chez Delmer Daves, on change radicalement de vision, l’indien, en l’occurrence l’apache, est montré comme un être humain à part entière. Il est même entendu que sa violence parfois cruelle n’est souvent que le résultat d’une violence subie.

Je ne suis pas un spécialiste, mais il me semble qu’à son heure de gloire, l’on peut distinguer dans le western trois grandes périodes, se recoupant parfois :

* Les gentils blancs et les méchants indiens (période Custer : « un bon indien est un indien mort ») ;

* Les gentils/méchants blancs contre les gentils/méchants indiens (période compliquée) ;

* Tous pourris (période italienne spaghetti, mais également Sam Peckinpah).

Delmer Daves, à en croire Bertrand Tavernier, fut le premier avec « La Flèche Brisée », à mettre en scène des indiens pris comme étant des êtres humains comme les autres, ce qui le fait rentrer dans la deuxième période identifiée précédemment. Le héros, Tom Jeffords, évidemment joué par l’Américain dans toute sa splendeur, James Stewart, dès l’ouverture du film, prend l’initiative de sauver un jeune indien, sans que le fait que ce dernier tente en retour de l’assassiner ne l’arrête. Stewart est parfait dans son refus de la tuerie de part et d’autre, au risque de sa propre vie.

Une histoire d’amour sous-tend cette histoire de guerre et de paix. Si elle se noue entre un blanc et une indienne, à l’époque, il restait quand même impossible de faire jouer l’élue par une apache ou une comanche, c’est donc la délicieuse Debra Paget qui s’y colle. De la même manière, Cochise est interprété par Jeff Chandler, juif new-yorkais de son état.

Ces diktats hollywoodiens mis à part, le monde de ce cinéaste n’est surtout pas manichéen. La nature est superbe, les paysages de l’Arizona sont admirablement filmés, mais elle n’est pas rédemptrice : certains fermiers ou chercheurs d’or sont de véritables pourritures, sans parler des apaches renégats. En regard, la ville n’est pas non plus montrée comme un lieu pacifié et source de progrès. Certains y tenteront même de lyncher notre héros, convaincu de son intelligence avec l’ennemi.

L’on n’est donc en sécurité nulle part, mais il reste possible finalement de vivre dans une harmonie, même menacée partout. Dans ce cadre, le cinéaste ne fait pas l’apologie d’une vie solitaire (pas de lonesome cowboy, même si c’est le plan final), c’est avec les autres que l’on apprend et que l’on devient un être humain responsable.

Les petits garçons, même s’ils ont trouvé qu’il y avait trop de « bisous », ont apprécié.

Sébastien

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