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Show no Mercy

SLAYER – MEGADETH « European Carnage » samedi 26 mars 2011, le Zénith :

mercredi 30 mars 2011, par Sébastien Bourdon

Ledit samedi, j’aurais du me rendre à une manifestation de soutien organisée à seize heures devant l’Elysée-Montmartre, salle récemment martyrisé par les flammes (cf. chronique précédente). Des mélomanes de tous horizons avaient en effet décidé de se réunir devant ce haut lieu de la culture musicale multi facettes (et même boule à facettes) pour faire part de leur volonté de ne pas le voir transformé en club de gym ou café lounge à l’occasion des travaux à venir. Las, je n’ai pu en être, à cette heure là, j’ai yoga. Il s’agit toutefois de l’activité qui permet justement à mon dos de résister, malgré le temps qui passe, à la station debout durant les concerts. En plus, comme me l’a dit un camarade, « je comprends, ce d’autant que rien n’exclut aujourd’hui que cette salle soit transformée en espace de yoga »

Si j’ai donc déserté cette belle cause, je n’en ai pas moins manifesté mon indéfectible fidélité au genre métallique, en me rendant à une soirée de thrash metal old school programmée porte de Pantin. Là aussi, il convenait d’en être, et nombreux. L’éducation des enfants étant chose précieuse, c’est même avec mon fils aîné sous le bras que je me suis déplacé au Zénith.

Chose étonnante, c’est Slayer qui a ouvert les hostilités. Confortablement installés dans les gradins, nous avons néanmoins pris de plein fouet l’habituelle et toujours décapante bourrasque, méthodiquement organisée par un groupe dont la cohésion est clairement l’un des points forts. Ciel – ou plutôt Enfer -, que cette brutalité est délicieuse et qu’il est bon parfois d’être ainsi passé à tabac un samedi soir.

Le son était limpide, point trop fort, on aurait même pu se passer de protections d’oreilles, en tout cas, il convenait de les enlever de temps en temps pour goûter plus fort encore au très beau bruit. J’en vois qui s’inquiètent, il va de soi que mon petit garçon a conservé ses bouchons d’oreilles tout le concert, dans le metal, on est responsable, il n’a pas non plus goûté à une seule bière.

Le concert, ramassé en une heure un quart de précise brutalité m’a procuré la joie habituelle que seul ce groupe est capable de donner. Slayer, c’est la vie, on se sent rempli, incroyablement présent à soi-même dans leurs accélérations.

Le plus étonnant était que le groupe jouait sans le guitariste Jeff Hanneman, retenu aux Etats-Unis par une bactérie appelée fasciite nécrosante qui détruit la chair, la peau, le gras et qui en l’occurrence s’est attaquée à son bras. Il l’aurait contracté après une morsure d’araignée (très métal comme pathologie soit dit en passant), nécessitant son hospitalisation. Il était donc remplacé par Gary Holt d’Exodus, groupe que nous avions pour notre part vu la dernière fois dans la poussière tourbillonnante de Clisson, un joli mois de juin dernier. Même génération, même école, recruté au pied-levé, le garçon a admirablement pris sa place, donnant même parfois une teinte un peu différente au rouge sang de Slayer.

Mention inévitable à l’implacable batteur Dave Lombardo, capable de survoler ce maelstrom de guitares sans jamais faiblir, nonobstant des tempos à même de décoiffer les plus chevelus. Et tout ça, en souplesse, avec du swing et un plaisir à jouer évident.

Après avoir gentiment headbangé sur « Hate Worldwide », « Dead Skin Mask », « Seasons in the Abyss » et autres « South of Heaven » divinement suivi de « Raining Blood » et de « Black Magic », nous avons pris une pause méritée à base de houblon et d’achat de tee-shirts. Ces derniers étaient hors de prix, il semble que l’industrie musicale table sur les fournisseurs de coton pour se refaire de ce qu’elle ne gagne plus sur les ventes de disques. « O tempora, o mores » comme disaient les Anciens.

Megadeth, deuxième tête d’affiche, est un des quatre piliers du Big 4 métallique (avec Slayer, Anthrax et Metallica, il faut tout vous expliquer), mené depuis l’origine par Dave Mustaine (voix, guitare). Ce garçon a la réputation d’être assez antipathique, mais finalement il est surtout drôle sans le faire exprès. Il a été viré de Metallica avant même la sortie du 1er effort discographique (« Kill ‘em all » 1983) pour ses problèmes d’alcool et son caractère difficile (doux euphémisme). Il ne s’est ensuite jamais remis de n’être que le leader du deuxième plus important groupe de metal mondial, on a tous nos petits soucis n’est-ce pas.

Megadeth est un groupe à côté duquel je suis un peu passé, même si je considère « Countdown to Extinction » (1992) comme un chef d’œuvre et même comme une pierre angulaire du genre. Je les ai vus sur la tournée « Youthanasia » (1994) sans avoir été emballé par le spectacle, du coup, j’ai à peu près cessé de les suivre pendant près de quinze ans. Mû par une relative nostalgie et par de bonnes critiques, je n’ai replongé qu’avec leur dernier album en date, « Endgame » (2009), dont la sauvagerie m’a immédiatement saisi et réjoui.

Surtout, mon fils aîné ne jure que par ce groupe, introduit dans sa discothèque par le baby-sitter familial (je vous jure que ce recrutement est un hasard, c’est le fils des libraires du coin). Bref, depuis plusieurs mois, la discographie complète de Megadeth tourne à la maison et j’y ai repris goût. De ce fait, l’affiche était particulièrement savoureuse et il m’a semblé justice d’emmener un jeune fan à tel spectacle.

Après un Slayer impérial mais un peu écrasant, Megadeth va sonner joyeux et presque léger devant un public ravi et visiblement venu en masse pour lui. Le son est encore une fois impeccable, les garçons sont souriants, impliqués et livrent à nos oreilles extatiques une set-list pleine de tubes métal en or massif : « Trust », « In My Darkest Hour » (morceau pour lequel je cultive une véritable obsession), « Headcrusher », « Symphony of Destruction »,...

Aussi incroyable que cela puisse paraître, Mustaine est souriant, chante bien (sa voix de teigne sonne de manière exceptionnelle sur « Sweatin’ Bullets ») et tout le monde a l’air ravi d’être là. On a donc tous joyeusement chanté avec Megadeth le presque sirupeux « A Tout le Monde », ce qui est rafraichissant après avoir hurlé « Angel of Death » (« Monarch to the kingdom of the dead ») avec Slayer. Le metal et son infinie variété a été scéniquement vérifiée en ce magnifique samedi soir sur la Terre.

La paix est à vendre selon Megadeth (Peace sells but who’s buying ?), on l’a acheté et on est ressorti de la salle plein d’amour pour le genre musical et même pour la vie en général.

Sébastien

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