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Petit Bilan sur la série The Office

mercredi 6 avril 2005, par Christopher Montel

Krusty le Clown, dans un célèbre épisode des Simpsons, s’aperçoit, après des années de pitreries pour enfants, que même ces derniers délaissent son spectacle qu’ils trouvent totalement dépassé. Il comprend que le guignol ne paie plus dans un monde où l’absurde a changé d’aspect. C’est presque accidentellement qu’il découvre que mal rasé, crapotant sur un vieux mégot puant et débitant des saloperies à qui veut bien l’entendre, il devient bien plus drôle, sans que lui-même comprenne bien pourquoi.

L’étoffe de l’humour anglo-saxon est aujourd’hui indéniablement symbolisée par des misanthropes de scène terrifiants tel Bill Hicks, pour n’en citer qu’un. Un humour noir, sarcastique, et finalement très dénonciateur. Mais une fois de plus les anglais ont su surpasser ce dépassement de la comédie à papa, à ce degré unique où plus personne n’est en mesure de les suivre ou tout simplement de les comprendre. Car en regardant les douze épisodes sur deux saisons de la mini série The Office, on a là même plus affaire à de l’humour sombre, mais carrément à de la craie crissant sur un tableau noir, en doses de trente minutes.

L’œuvre est signée Steve Merchant (alias the « Oglemonster ou Oggie dans la série) et Ricky Gervais, qui après avoir tâté de la radio et managé le groupe Suede, avec au passage quelques scénarios de séries et des passages à la télé, a trouvé son thème de prédilection en tant qu’acteur, co-scénariste et co-réalisateur. D’après les deux vétérans du monde en bureau, le scénario est entièrement inspiré de leurs expériences professionnelles.

A première vue, The Office est un reality-show bidon- excusez la redondance, mais là c’est pas sensé être un secret- où la caméra voudrait filmer la vie quotidienne dans un bureau à première vue totalement anonyme, celui de la filiale du fabricant de papier Wernham Hogg, à Slough, si c’était sans compter avec les interruptions incessantes de David Brent, alias Ricky Gervais. Ce Manager du Office est un guignol pathétique qui génèrera tout au long de la série, sans pouvoir vraiment le contrôler, sa propre ruine devant employés et téléspectateurs.

David Brent veut remplacer le traditionnel rapport d’autorité d’un patron envers ses subordonnés par celui d’une fascination d’un public pour son idole. Mégalo, se comparant lors des moments interview à Jésus, il est une plaie vivante qui peut parfois même se révéler sinon dangereuse du moins embarrassante. La présence de la caméra va finalement contribuer à précipiter les conséquences désastreuses de son comportement.

Les employés, eux, vivent sous la menace plus ordinaire des politiques de licenciement, et la caméra semble au bout d’un moment préférer les romances impossibles de Dawn la secrétaire, ou les conflits entre Tim, joué de façon brillamment ingénue par Martin Freeman (prochainement dans les salles dans le rôle du terrien Arthur Dent dans Le Guide du Routard Galactique) et Gareth, soldat dans l’armée de réserve britannique qui range son portable dans une lanière à revolver.

The Office, récompensé par deux Golden Globe Award, celui pour la meilleure série et celui pour le meilleur acteur principal, a été diffusé dans plus de 60 pays. Une série à voir absolument, y compris avec ses Christmas Specials et le clip R’n’B de David Brent.

Messages

  • Juste pour dire à quel point j’ai été déçu par les créateurs de cette série lorsqu’ils ont eu la grandiose idée de vendre leurs scriptes aux télés américaines et françaises - et qui sait encore, à d’autres. Les adaptations sont nullissimes... Celle des Etats Unis reproduit les farces de Ricky Gervais sans talent et le français François Berléand aurait mieux fait de s’abstenir. Il est rare qu’un "remake" ait autant de succès que l’original et quand il a du succès, c’est souvent qu’il plait à un public différent - plus con parfois... je pense à The Italian Job mais il y en a des tonnes.

    Navré donc que Gervais et son comparse Stephen Merchant aient prostitué leur génie...

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