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Of course mama’s gonna help build the wall

« Ma mère, cette étrangère » court-métrage de Sahra Daugreilh (2012)

mardi 25 septembre 2012, par Sébastien Bourdon

Un vendredi soir, j’ai vécu l’expérience cinéphile ultime : découvrir un film dans les lieux mêmes où il a été tourné, en compagnie, notamment, de sa réalisatrice et actrice principale. Je buvais même dans les verres qui ont servi d’accessoire. Je regardais les acteurs projetés sur le mur et c’était vraiment comme si j’y étais.

C’en est un peu effrayant d’écrire quelque chose sur l’œuvre visionnée, et si je n’avais rien compris, si j’étais passé à côté ? Etre lu par la réalisatrice, je ne suis pas sûr que cela me soit déjà arrivé (un lecteur avait fait parvenir ma chronique de «  La Guerre est Déclarée  » à Valérie Donzelli, mais bon, j’attends toujours de ses nouvelles à Valérie).

C’est tout d’abord un exercice troublant que de regarder une copine sur un écran, en plein exercice de son art, surtout la première fois. L’effet de distanciation n’est pas évident. Ainsi, durant les premières scènes, on n’a pas vraiment l’esprit libéré, on regarde amusé et enchanté, mais on n’entre pas forcément aisément dans l’histoire, dans le film.

Et puis, parce que c’était remarquable (si, si), on fait abstraction, on sort du réel pour entrer dans l’œuvre. Deux sœurs (vraisemblablement de pères différents et ne se connaissant semble t’il pas vraiment), se retrouvent dans Paris, vont chercher leur grand-mère à la maison de retraite pour retrouver leur mère. Le titre n’est pas trompeur, nous ne verrons jamais la mère. Les mystères et frustrations liés à cette absence ferons l’objet d’une nuit blanche d’échanges plus ou moins vifs entre ces trois femmes dans l’appartement maternel. Quelques rares présences masculines viendront à peine perturber ces échanges féminins.

C’est un court-métrage, je ne serai donc pas long (ahahaha), mais au-delà de la grande maîtrise du film, on est surtout fortement imprégné par son atmosphère. La mère étrangère évoquée de nuit dans ce logement vibrant de son absence renforce une impression d’étrangeté douce. Ce huis-clos nocturne s’interrompra de manière elliptique, après le sommeil. Cette mère n’aura jamais été là pour personne, mais elle aura généré, presque à son insu, des liens affectifs très forts entre ses proches, ce que le jour confirmera.

Sébastien

P.S. impossible de ne pas penser à Lennon : « Mother, you had me, but I never had you. »

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