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Les saisons du coeur

« Deux Automnes, Trois Hivers » de Sébastien Betbeder (projection en présence du réalisateur)

lundi 20 janvier 2014, par Sébastien Bourdon

Pas forcément emballé par le film, mais toujours ravi de voir en vrai un réalisateur, je me suis finalement assis face à une œuvre qui, sur le fond, n’avait pas décidé de révolutionner le cinéma français (les errances émotionnelles de trentenaires parisiens), mais sur la forme tentait à tout le moins quelque chose d’un peu différent.

L’histoire se déroule chronologiquement, sur plusieurs saisons grises. L’automne est notamment décrit en ces termes par le personnage d’Armand (Vincent Macaigne) :« le retour des collants, des jupes et des bottes en cuir, ma saison préférée ». Là où l’exercice tente de se distinguer du tout-venant art et essai, c’est dans la manière de filmer et de découper. Ainsi, l’action est presque systématiquement commentée par ses protagonistes, en voix off ou face caméra. A ce dispositif, s’ajoute un découpage en de nombreuses parties, l’intitulé de chacun des nombreux chapitres apparaissant sous forme de cartons à l’écran.

Cette addition de procédés purement formels, pour intéressante qu’elle puisse être, finit par tuer un peu la spontanéité de l’ensemble et l’émotion qu’il pourraitt procurer (du rires aux larmes pour faire court). Le film y trouve certes un rythme, bien soutenu par la musique, mais on se sent comme freiné en permanence par cet excessif didactisme. En effet, comme j’ai pu l’expliquer au réalisateur (ça pose, n’est-ce pas), je n’aime pas tellement en tant que spectateur que l’on m’explique en permanence ce qui se passe sur l’écran, il me semble que cela doit se voir, se deviner. Et même se perdre dans la pellicule peut se révéler une grande joie.

Pour le reste, et volontairement semble t’il, le film s’inscrit clairement dans l’époque, avec ses références plus ou moins culturelles, ses tics et ses codes (la télé réalité notamment, à laquelle le dispositif du film emprunte d’ailleurs beaucoup en faisant intervenir les acteurs face caméra).

Toujours à propos de la culture, une belle idée sous-tend le film. Les personnages trouvent un soulagement aux vicissitudes de l’existence grâce à l’art, et au cinéma en particulier. Un film, une série, c’est une occasion de respirer, et peut-être de partager, même silencieusement, avec d’autres, cet éclairage sur la vie que l’on mène et qui n’est pas forcément un conte de fées. Dans cette perspective, l’on retrouve en vrac chez les personnages un manifeste enchantement pour Judd Apatow et Georges Romero, mais aussi Michel Delpech et Jeff Buckley (éclectisme de bon ton).

Pour le reste, comme toujours, Vincent Macaigne brûle l’écran, par sa naturelle drôlerie mais aussi sa capacité à la gravité et la mélancolie. Impossible de ne pas le rêver comme un double de soi-même, avec nos incapacités, notre langueur et nos espoirs. Derrière moi, à l’issue de la séance et s’adressant au réalisateur, il fallait voir l’air gourmand d’une petite dame plus toute jeune, exprimant ouvertement un appétit ragaillardi par la présence de ce « beau jeune homme » à l’écran.

Sébastien

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