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Les Frères Grimm

Le grand retour du maître Gilliam

jeudi 13 octobre 2005, par Paul Kirkness

Après le malheureux échec du tournage de Don Quixote de la Mancha, Gilliam a eu un petit temps mort de trois années pendant lesquelles il s’est apparemment penché sur plusieurs projets... L’ex animateur des Monty Python a eu pas mal de mal à encaisser les coups mais, pour un grand stressé - rappelons qu’il a perdu l’usage de ses jambes de manière temporaire lors du tournage de Brazil - il s’est remarquablement relevé. Au final, c’est une adaptation fictive de la vie des frères Grimm qu’il choisit de nous conter...

A 65 ans, Terry Gilliam nous pond son dernier petit chef d’oeuvre. Et il était temps. En effet, le dernier film réalisé par Gilliam qui ait vu le jour était Las Vegas Parano (Fear and Loathing in Las Vegas) et c’était il y a sept longues années. Le documentaire sur le tournage-échec de Lost in La Mancha, tourné en 2001 avec Johnny Depp, Jean Rochefort et Vanessa Paradis, n’aura pas suffit à satisfaire les fans du maestro... Cela aura permi de se rendre compte que Gilliam n’a en rien perdu de son génie, mais le film - incomplet - aura été l’une des plus grandes déceptions récentes des cinéphiles.

Après avoir abandonné l’idée - qui languissait depuis trois ans - de tourner une adaptation du roman de Terry Pratchett et de Neil Gaiman, Good Omens, Gilliam s’est lancé sur un autre projet... Et surprise ! Celui-ci a vu le jour...

Les Frères Grimm, c’est du Gilliam si je m’y connais. Le scénario est particulièrement ingénieux. On y voit des frères Grimm en fraudeurs, des arnaqueurs de pauvres gens qui prétendent pouvoir se débarasser de sorcières, de trolls, de méchantes bébêtes qui hanteraient les campagnes allemandes. Dans cette Allemagne occupée par la France, les habitants sont sans le sou et affamés, ce qui n’empêche pas Will (Matt Damon), l’aîné des deux frères, de jouer sur la naiveté de ces misérables... sans que cela ne laisse indifférent Jacob, son petit frère (Heath Ledger). L’analogie avec le vol de contes dont les frères Grimm restent aujourd’hui accusés, est amusant.

Arrêtés pour vol, subterfuge et cambriolage, les frères Grimm finnissent dans les griffes en apparence dangereuse de Mercurio Cavaldi (interprété avec brio par Peter Stormare)... S’en suit une série d’aventures qui impliquent un loup garou étrange, une sorcière cinq fois centenaire, des arbres mouvants et de vilains français cruels.

Le film est très bien interprété par Ledger même si le choix de Matt Damon peut parfois laisser un peu dubitatif. Le jeu d’acteur de Lena Heady (qui interprète Angelika, la un-peu-trop-jolie chasseuse) est plutôt faible... Quant à Bellucci, elle est presque absente... Mais s’il y a un bon acteur présent dans le casting de ce film c’est bien Stormare (que l’on avait pu voir dans Fargo, The Big Lebowski ou encore Dancer in the Dark). Il est hilarant du début à la fin et effectue un remodelage total par rapport à ses rôles précédents - gueulard, un peu fou, prétentieux et terriblement peureux... Mackenzie Crook que l’on avait pu voir dans la série Britannique The Office est lui aussi présent. Il a son rôle habituel de maigrelet rigolo mais on ne pourra que regretter qu’il ne soit pas plus présent à l’écran...

On peut affirmer que le jeu d’acteur n’a jamais été une priorité absolue pour le réalisateur Gilliam qui se concentre surtout sur les ambiances. Ici, elles rappellent parfois l’époque de Labyrinth dans lequel Jennifer Connelly et David Bowie faisaient leur chassé-croisé dans un décor de carton pâte... Dans Les Frères Grimm les scènes en forêt ont le même style de décor... On se sait en studio, mais le rêve est là et l’imagination de Giliam déroule librement. On est constamment entre le sinistre et le rêve, le fantastique...

Les touches à la Gilliam pleuvent de partout... De la reprise des contes de Grimm qui sont plus ou moins dissimulés dans ce film (à trouver : le petit chaperon rouge, Hansel et Grettel, Jack et le haricot magique... et beaucoup d’autres) jusqu’aux petites blagues qui ne sont pas sans rappeler l’époque de Monty Python. Ce film est un véritable plaisir à regarder. S’il peut parfois exister des problèmes de rythmes, le tout est un bonheur dont on ressort avec le sourire.

Polo

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