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Quelques notes (de musique)

mardi 8 novembre 2005, par Sébastien Bourdon

Ce matin, j’ai commis une fatale erreur, j’ai posé sur ma platine l’album And the circus leaves town des défunts Kyuss. Le sable et le vent ont envahi l’appartement, des scorpions couraient dans la salle de bains, des palmiers courbés par le zéphyr penchaient dangereusement dans le salon. Les fenêtres tremblaient et j’aurai voulu m’allonger sur le plancher et ne plus jamais travailler un seul jour. "You’re a fucked man in a fucked up land". Disque indispensable depuis 1995.

Je l’ai écouté sur ma toute nouvelle platine CD et j’en ai tiré encore plus de joie. C’est un truc que j’ai acheté dans un monde étrange, un magasin un peu poussiéreux mais rempli jusqu’à la gueule de matériel à haute technologie où il n’est écrit nulle part Apple ou Sony, mais Cambridge, Rotel, Nad ou Micromega. Une échoppe où des types vraiment snobs testent dans la boutique, à fond, différentes formules d’assemblage lecteur cd, ampli et enceintes sur du Bartok ou sur Meddle des Pink Floyd (carrément élitistes les mecs, même pas sur Dark Side Of The Moon des mêmes Floyd). Un lieu où personne ne vous vend qu’en plus sur le lecteur vous pouvez compresser "un max de titres, des sonneries de téléphone portable et mettre vos photos de vacances à Ibiza". On repart avec un objet noir ou gris, avec très peu de boutons et on est super content car, avec ça, "le chant de la terre" de Mahler, le dernier Pelican (mâtin quel disque !) ou le Rhapsody in blue par les soeurs Labecque sonnent comme jamais dans votre tête.

Tout ça nous amène à évoquer quelques nouveautés.

Brad Mehldau Day is done

Dès la première écoute, la fraîcheur et la spontanéité de cet
enregistrement vous assaillent. Enregistré en à peine plus d’une
journée avec un nouveau batteur, ce disque est particulièrement réussi (la dernière production en trio du pianiste de jazz le plus couru de la planète, Anything goes, était particulièrement rébarbative, pleine de redites et facilités). Après un très bel album live en solo, "Live in Tokyo", le jeune Mehldau, fort d’un nouveau batteur à la frappe plus précise et plus ferme se remet en route et semble galvanisé par ce nouvel assemblage. On trouve comme d’habitude de très belles reprises (Beatles et Radiohead sont forcément au menu). Brad Mehldau transforme avec génie les tubes pop en standards de jazz (même si sur ce terrain, il prend moins de risques que les Bad Plus avec Abba ou Black Sabbath) et n’oublie pas cette fois d’être inventif.

Un très bon disque mais on reprendrait bien un de ces jours de ce Mehldau encore plus inventif et se mettant en danger que l’on a pu entendre sur le remarquable Largo.

Clutch Robot hive / Exodus

Avec leur précédent opus Blast Tyrant, les vétérans du stoner
américain avaient franchi un cap : son impeccable et compositions comme toujours riches et variées, mais plus rentre-dedans. Le disque était fidèle à leur talent mais plus accessible et surtout avec une unité que n’avait pas Pure Rock Fury, album qui l’avait précédé (beaucoup d’excellents titres mais un relatif manque de cohérence). Il était devenu impossible de le sortir de sa platine. Où allaient-ils aller avec un album sorti si rapidement et un remarquable double live (Live in Flint) ? Partout est la réponse. Le disque entérine l’intégration de l’organiste dans le groupe et envoie leur musique vers des sonorités évoquant notamment Deep Purple mais également les grandes heures de la Stax (un son chaud et presque funky). C’est également un disque plus américain, avec des tendances blues gras, jamais vulgaire, toujours senties (écouter notamment la reprise du standard "Who’s been talkin’" de Howlin’ Wolf). La voix de Neil Fallon, plus chaude et travaillée, s’en ressent. Et l’on retrouve les étonnants textes (parmi les plus intéressants du moment, tous genres confondus), le groove profond et original de la rythmique et cette guitare littéralement magique (il faut avoir également entendu
la reprise de Coltrane, "Equinox", sur leur dernier album live).

Bref, un grand disque - encore un - d’un très grand groupe
malheureusement pas assez connu en France.

Sébastien Bourdon

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