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Le retour de la vengeance de Uma Thurman

Kill Bill, Deuxième Partie

samedi 5 juin 2004, par Christopher Montel

Le premier volume de la saga Kill Bill avait suscité fin 2003 pas mal de critiques. Le concept des deux volumes, et l’attente orchestrée par les sites officiels et relayée dans les salles, étaient perçus comme une basse stratégie commerciale, et venaient s’ajouter à ce gigantesque plagiat présenté comme une oeuvre originale.

Mouais. Sauf que si Tarantino avait voulu duper son public, il aurait fallu qu’il réalise ses deux Kill Bill sous un pseudonyme, puisque quiconque a vu ne serait-ce qu’un de ses films sait très bien que "Qwenteen" se démarque justement par son tic de l’emprunt et des clins d’oeil systématiques à des références cinéphiles, qu’il s’approprie par ailleurs en exclusivité.

Car une chose est sûre, il me paraît assez difficile de pouvoir emprunter les sentiers déjà foulés par Tarantino, même s’il n’est pas le premier à les avoir battus. Et ce n’est qu’après avoir enfin vu le deuxième volet qu’on réalise qu’il fallait plus d’un long métrage pour que Tarantino explore à fond sa passion pour Uma comme pour le genre kung-fu pop(corn).

Kill Bill 2 en soi se démarque bien du premier volume, nous sommes loin d’une pâle imitation diluée. Aux scènes noyées dans l’hémoglobine rouge fluo se substitue en effet une atmosphère de souffrance et de cruauté beaucoup plus âcre et sourde- un peu comme être enterrée vivante dans un cercueil six pieds sous terre. Plus de batailles rangées et de combats chorégraphiés, que Tarantino a eu le talent de ne pas réutiliser dans cette deuxième partie, mais des règlements de comptes intimes et des portraits plus creusés de la déchéance morale et physique des assassins.

D’ailleurs, cette seconde partie est sensiblement moins améri-manichéenne [1] que la première, notamment grâce au superbe jeu d’acteur de Michael Madsen, interprétant le frère Budd, dont la barbarie stupide ne fait qu’accentuer sa souffrance d’alcoolo déchu et d’ex-assassin asocial, soumis aux événements comme à son patron. Elle, la borgne hargneuse et prête à tout, récolte, on l’apprend au cours du film, deux fois le même châtiment pour son caractère buté et devient littéralement comme Budd la première victime de ses actes.

L’affaire devient encore plus corsée avec la découverte du vrai Bill, qui s’avère n’être pas si simplement monstrueux qu’on aurait pu le laisser croire pendant Kill Bill 1. Alors que tout est fait dans la première partie pour que le public ne puisse qu’approuver sans discuter le besoin de vengeance et de sang de la Mariée, la deuxième partie devient beaucoup plus ambigüe, et il est nettement moins facile de condamner Bill à une mort violente, du moins pour le public. David Carradine, et son charisme à l’écran à vous faire figer sur place une salle entière de cinéma, éclipse à lui tout seul l’image réductrice du parfait salopard.

Comment tuer Bill lorsqu’on le voit si faillible, si rongé par ses craintes ? Ne dit-il pas lui-même, dès la première scène, que le carnage qu’il orchestre dans la chapelle témoigne plus de son propre masochisme que d’une cruauté sadique ? Une fable morale sans héros ni véritable vainqueur n’est encore une fois pas une idée née d’hier, mais bel et bien une tentative Tarantinoesque réussie de recréer des rôles de "méchants" aussi sadiques qu’ils le sont précisément parce que faibles.


[1Je suis la voie, ouverte par Polo et Tom , des néologismes à soumettre à l’Académie Françeze.

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