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It’s Alive !!

"Frankenstein" de James Whale (1931)

lundi 2 novembre 2015, par Sébastien Bourdon

Parce que la confusion est si souvent faite, rappelons-le à toutes fins utiles, Frankenstein, ce n’est pas le monstre, c’est celui qui l’engendre. Le professeur Henry Frankenstein est-il fou ou génial, qu’importe finalement, seules les conséquences de ses actes jugeront de son étrange œuvre. Le livre de Mary Shelley (« Frankenstein ou le Prométhée Moderne » - 1818) et ses multiples adaptations nous ramènent à la fable du Golem, quelque chose que l’humain conçoit, semble maîtriser un instant, mais qui le dépasse finalement pour mener à une catastrophe inévitable. Pas vraiment un film sur la foi dans le progrès en somme.

Emmener ses enfants voir ce classique au cinéma permet sans doute à ces jeunes spectateurs de surmonter le côté un peu vieillot de l’œuvre. Il n’est en effet pas interdit de déplorer sa relative lenteur, le caractère un peu empesé du jeu des acteurs et des dialogues. Toutefois, captivés par l’écran géant, le plus jeune aura ainsi tout de même peur, quand le plus âgé trouvera qu’est fort bien restituée la tristesse profonde de l’œuvre (il avait déjà lu le livre, comme l’auteur de ses lignes).

Il et vrai que le film ne trahit le roman qu’en esquivant une bonne part de l’histoire, la ramassant sur une unité de temps et de lieu infiniment plus courte, quelques jours funèbres à peine. Pour le reste, l’esprit est là, on ne nous épargne guère quant au fiasco des travaux du Professeur Frankenstein, savant qui décide un jour qu’il pourra lui-même être l’égal de Dieu et s’en donne les moyens.

Alors que l’on s’apprête, parait-il, à être débordé par l’intelligence artificielle, que certains nous disent que la prise de pouvoir par les machines serait même déjà en marche, avec des robots tueurs qui renverraient le Terminator à une aimable plaisanterie, l’histoire de cet homme dépassé par sa découverte trouve un écho, certes attendu, mais qui empêche l’ensemble de cruellement vieillir.

La deuxième partie du film reste également cinématographiquement impressionnante. Ainsi, avec la mort de l’enfant, portée ensuite par son père dans les rues de la petite ville allemande, funèbre marche qui annonce le déchaînement de violence collective à venir. La vision de ce corps sans vie dans les bras d’un père assommé par la peine procure une terreur glaçante, que ne diminue pas la nécessaire empathie.

La dramatique conclusion du film n’a également nullement perdu en intensité, et effraie bien plus que la naissance du monstre. Quoi de plus vil que ces hommes emplis d’une colère aveugle et hideuse, se ruant avec flambeaux et chiens, pour aller tuer sans autre forme de procès une créature finalement bien innocente, ou en tout cas pas meilleure qu’eux, et qui n’eusse peut-être pas demandé autre chose que d’être des leurs ? Le feu ne purifiera rien et ne lavera la honte de personne, une fois le calme revenu. Ne restera que la peine en attendant d’autres drames, et en 1931, dans cette partie de l’Europe, il en était de nombreux à venir.

Sébastien

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