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It’s Alive

« Frankenweenie » de Tim Burton (2012)

vendredi 7 décembre 2012, par Sébastien Bourdon

Avec son dernier opus, l’échevelé du cinéma américain réalise le remake d’une de ses œuvres de jeunesse. Tout son univers y était, force est de constater qu’il y est encore. Avec ce film d’animation en noir et blanc, il nous narre les aventures d’un petit garçon quelque peu solitaire qui trouve un moyen de redonner vie à son chien brutalement décédé. Il est vrai que ledit garçon a pour nom de famille Frankenstein.

Les cimetières et créatures extraordinaires vous font peur ? Tim Burton pense – et à raison – que cet univers pas toujours ragoûtant ne représente rien d’autre qu’un peu de rêve pour les âmes seules et désenchantées. Comme le rappelait Neil Hannon de The Divine Comedy, on peut être gothique et heureux (« The Happy Goth » in « Absent Friends » 2004).

Ainsi, le petit garçon du film n’a donc rien d’un enfant perturbé. Fils unique, aimé tendrement de parents qui préféreraient sans doute le voir faire du sport et fréquenter des camarades de son âge, mais qui ne s’enthousiasment pas moins de ses excellents résultats à l’école et de ses films Super 8 bricolés pour des projections familiales. En plus de ses parents, le petit Victor a également un être qu’il chérit par-dessus tout, son petit chien, plutôt laid et porteur du nom de Sparky.

Terriblement affecté par la disparition de ce dernier, nonobstant les affectueuses explications de ses parents sur la finitude de toutes choses, Victor se lancera en secret dans des expériences scientifiques aussi délirantes que couronnées de succès pour ramener la petite bête à la vie. Tim Burton refuse pourtant l’aspect éventuellement inquiétant et morbide d’un tel retour (comme dans « Simetierre » de Stephen King par exemple), se focalisant sur l’aspect drolatique et heureux qu’offre cette possibilité inattendue de retrouver ceux que l’on aime. Point de zombies certes, mais quand même, alors que la trouvaille tombe en de mauvaises mains, une leçon rabelaisienne un peu lourdement assénée « science sans conscience n’est que ruine de l’âme »…

Pour illustrer toutes ces péripéties, l’on notera une galerie de portraits particulièrement réussis (la propriétaire du chat « Monsieur Moustache », blonde maigre aux yeux exorbités qui lit l’avenir dans les crottes de son animal est impayable), une photographie superbe, sans oublier quelques citations de classiques du cinéma fantastique finement placées et drôles (de « Frankenstein » à « Godzilla »).

Si le cinéaste Burton reste fidèle à son univers, une sage banlieue américaine au premier plan avec en fond un univers mystérieux qui ne demande qu’à être révélé, il trahit un peu son imagerie de jeunesse par une dose bien trop importante de gentillesse frisant même le nunuche. Et c’est fort dommageable, car le film est très beau tant Burton maîtrise parfaitement le gothique pour les enfants.

Sébastien

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