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Illumination - Mastodon live in Paris !

mardi 7 juillet 2009, par Sébastien Bourdon

Hier soir, à un moment, il m’a semblé voir des spectateurs planter des clous dans le mur sonore impeccablement dressé devant nous par Mastodon.

J’ai découvert ce groupe remarquable, il y a quelques années, comme souvent sans en avoir entendu la moindre note, mais sur la seule foi de saines lectures et commentaires de spécialistes de la spécialité. L’agitation montante autour de ce groupe laissait augurer le meilleur, le surgissement d’un groupe inventif et sauvage. J’ai donc acquis l’album Léviathan, album sous-tendu par l’œuvre de Melville, « Moby Dick ».

J’ai tout de suite été frappé par l’impressionnante cohésion de l’ensemble, à tous niveaux, musical comme artistique (pochettes, clips etc.). Ces gars là ont un projet, ils ont l’intention de nous le soumettre.

Très vite, Mastodon est ainsi entré dans mon panthéon personnel des très grands groupes. Ne nous leurrons pas, ces types ont l’envergure et l’assise des plus grands, de Metallica à Tool, en passant par Led Zeppelin et Faith No More (carrément). Ceux qui donnent des frissons sitôt la galette posée sur la platine, voire des larmes. Avec évidemment, l’envie de sauter tous les sens. Je connais d’ailleurs une famille dans laquelle les enfants arrivent invariablement en sautillant gaiement dans la pièce lorsqu’on y joue « Blood and Thunder » (extrait de Léviathan, titre joué hier soir, avec la furie qui convient).

Mastodon a sorti cette année ce qui peut être considéré à ce jour comme leur grand œuvre à ce jour, l’album Crack The Skye. Sans cesser d’être sacrément touffus, nos quatre garçons ont mis un peu d’air dans leurs morceaux et fortement teinté leur opus de sonorités hard-rock seventies du meilleur aloi (Thin Lizzy, Blue Oyster Cult, ce genre).

Le groupe est composé de deux guitaristes, d’un bassiste et d’un - extraordinaire - batteur. Tout le monde ou presque chante (ou hurle, c’est selon) et ce ping-pong vocal permanent accroît encore la densité de leur musique par cet échange continu entre les musiciens.

Ce qui nous amène à hier soir au Trabendo. Nous attendions avec une impatience non feinte cette sortie. J’avais déjà vu le groupe en 1ère partie de Slayer (cf. ma chronique sur ledit soir de novembre 2008), mais ce fût court et frustrant, le groupe étant au surplus amputé du guitariste Bill Keliher qui s’était fait porter pâle à la suite d’une intoxication alimentaire contractée en Angleterre (a-t-on idée de manger là-bas aussi !).

Là, c’est notre dernier concert avant la pause estivale et c’est tout chaud que nous descendons dans l’arène. Un double hot-dog, une bière (on reste sur des fondamentaux) et on se retrouve tous sur la terrasse extérieure en attendant le début des hostilités. Règle toujours vérifiée et particulièrement au Hellfest, on se retrouve avec ceux qu’on aime dans les concerts.

Nous tombons sur une personnalité inhabituelle en ces lieux : un élu de la République, le député PS de la 19ème circonscription du Nord, Monsieur Patrick Roy (et là franchement, je dis Monsieur). Ce garçon s’est récemment illustré à plusieurs reprises sur le perchoir de l’Assemblée Nationale, par de flamboyants discours sur la créativité musicale, le magazine Rock Hard à la main et en évoquant notamment Mastodon et Gojira. Et bien pour une fois en la matière, le mec, c’est pas du pipeau, il va vraiment aux concerts, avec son fils qui arborait pour l’occasion un tee-shirt Metallica And justice for all. Le mot qui nous est venus à la bouche tout de suite et à tous, c’est « Respect ». Nous y reviendrons.

C’est dans un Trabendo plein jusqu’à la gueule que le concert a finalement commencé, et quel concert. C’était tellement bien que je ne me souviens même pas de la durée du show. C’était court sans doute, mais d’une intensité qui par ces chaleurs estivales m’a laissé pantois (et humide aussi, j’ai encore été obligé de m’acheter un tee-shirt, pff). Ces types jouent comme si leur vie en dépendait, exactement comme je l’imaginais. De l’urgence et de la générosité. Leur musique est tout de même assez complexe, mais sans jamais se déparer d’un aspect brut du meilleur goût.

De ce chaos de guitares, jaillissait toujours la mélodie. Il ne faut pas oublier le romantisme qui imprègne également leur musique. Ainsi, l’exécution de la pièce maîtresse de leur dernier opus The Czar (évocation de la Russie tsariste, Raspoutine, tout ça), tout en circonvolutions et cheminements, de l’aérien au brutal, m’a donné des frissons de plaisir. Ma chère et tendre tournoyait lentement à mes côtés, emportée par le flux musical qui se déversait sur nous. Nous étions presque devant, et c’était magique que de pouvoir presque toucher les artistes, de voir précisément les doigts courir sur les manches des guitares, comme une révélation de la magie qui nous entourait.

J’ai même vu ma femme finir par se pâmer littéralement (mais à raisonnable distance) devant le bassiste Troy Sanders, qui pour barbu et chevelu qu’il soit, a un charisme sidérant, pénétré qu’il est de ses mots et de ses notes. Elle m’a même tout à coup déclaré, "on dirait Jésus". Tout va bien.

Et puis ce concert sans temps mort s’est arrêté d’un coup, nous prenant presque par surprise. Mais comment leur en vouloir, leur prestation fut inhumaine et lorsque l’on sait le rythme de leurs tournées, leur énergie intacte est proprement sidérante.

Alors que la salle se vidait, nous avons évidemment fait un tour par le stand tee-shirts. C’est alors que j’ai noté un autre attroupement. De cette petite assemblée émergeait la tête du fabuleux batteur de Mastodon, Brann Dailor. Ce type est un génie, c’est le Elvin Jones du métal, son jeu tout en roulements continus, en explosions percussives permanentes fait de lui le batteur le plus inventif du moment. Réveil du fan béat, jamais endormi celui-là en fait, je me rue vers l’autre bout de la salle, laissant une liste de courses à mon camarade, et rejoins ce petit groupe. Et là en un rien de temps, avec une facilité déconcertante, je serre la main du Dieu vivant (charmant et intimidé de l’affection que lui portent les fans, la grande classe), il me dédicace ma place et je me fais prendre en photo avec lui. Je sais bien, dans content, il y a con, mais quand même, j’assume.

Je récupère mon tee-shirt sec tout frais acquis et retrouve les camarades à l’extérieur. Fraîcheur du soir, on prend le chemin du parking quand nous retombons sur le député précédemment évoqué, quittant également les lieux. Ma femme se précipite vers lui pour lui serrer la main et nous quitterons donc la Villette en devisant avec son fils et lui des mérites du concert, de l’organisation d’un festival Métal dans la ville où il est maire (Gojira en sera l’année prochaine), des réactions à son intervention à l’Assemblée et évidemment des formidables qualités de Mastodon. Le député Roy les compare au groupe King Crimson, plus précisément à partir de l’arrivée de John Wetton au milieu des 70’s (Red, grand disque). Pas du pipeau le garçon vous dis-je.

Nous nous sommes quittés non sans que je lui dise mon plaisir de voir la République si bien incarnée !!

Sébastien

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